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qui, en Italie, porte surtout sur la population agricole. Le chiffre de l’émigration[1] qui était en 1886 de 107 829, s’élevait en 1893, à 246 286, après avoir passé en 1891 par un maximum de 293 031. Ce tableau de l’état économique de l’Italie ne serait pas complet si d’autres élémens ne venaient pas en atténuer le sens. Quand on visite cette contrée, on a l’impression d’une population active et laborieuse.

L’esprit d’économie est si développé et l’organisation des institutions de prévoyance est si heureuse, que le mouvement de l’épargne a suivi une progression ascendante. En 1881, 1e total des dépôts opérés dans les divers établissemens qui reçoivent les épargnes, était de plus de 979 millions de lires ; en 1890 il avait presque doublé[2]

Si nous cherchons à saisir le progrès de la richesse acquise d’après une autre source d’informations, nous constatons dans le tableau des donations et successions en 1892 une augmentation de 25 pour 100 sur 1876.


V

Le mal qu’ont pu faire à l’Italie l’exagération de ses dépenses militaires, l’affaiblissement de son crédit et sa rupture commerciale avec la France, a été encore aggravé par la crise des banques, qui, en désorganisant la circulation monétaire, a porté le trouble dans le monde des affaires.

L’Italie n’a pas l’unité de circulation fiduciaire ; les tendances particularistes ont toujours fait obstacle, dans ce pays, au mouvement qui pousse les nations modernes vers le monopole de l’émission, garantie la plus sûre de la circulation facile des billets accrédités partout, grâce à une banque unique, par la confiance du public. Toutefois, l’Italie marche vers l’unité de circulation ; les banques d’émission qui, en 1874, avaient été réduites à 6, pour

  1. Nous donnons ici le chiffre total de l’émigration permanente et temporaire. En 1886, l’émigration permanente était de 85 355 ; en 1893, de 122 934.
  2. Faute de documens, nous n’avons pu dresser le total des dépôts d’épargne pour les années suivantes, mais nous voyons par les chiffres qui nous sont connus, par exemple ceux des Caisses d’épargne ordinaires ou des Caisses d’épargne postales, que le mouvement s’est encore accentué, passant pour les premières,
    en 1893, à 1 245 605 178 lires.
    au lieu de, en 1891 1 177 218 675 —
    Soit une différence en plus de 68 386 503 —
    passant pour les secondes, en 1894, à 396 303 300 —
    au lieu de, en 1891 333 683 900 —
    Soit une différence en plus de 62 619 400 lires.