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trouvé assez de ressources dans ses revenus ordinaires et ses recettes extraordinaires, malgré l’exagération des dépenses de travaux publics, si elle ne s’était pas lancée dans la voie des arméniens à outrance. Sans l’accroissement des dépenses militaires, les budgets Italiens seraient en équilibre.


III

Les dépenses locales tiennent une large place dans les dépenses publiques d’un pays qui, comme l’Italie, a concilié le principe de la centralisation avec le respect des libertés provinciales et communales, avec le maintien d’une vie locale intense et l’inscription aux budgets provinciaux et communaux d’importantes dépenses de services publics qui figurent dans d’autres pays au budget de l’État[1].

La gestion des finances locales en Italie n’a cessé d’être défectueuse. Dans la période même où les finances de l’Etat se relevaient pour aboutir, en 1875, aux excédens budgétaires, les finances des provinces et des communes suivaient une marche inverse. Elles arrivèrent à un tel état de désorganisation qu’à diverses reprises, provinces et communes, désespérant de leurs propres forces, trouvèrent dans l’aide du gouvernement le seul refuge contre la faillite. Une des plus brillantes cités italiennes, Florence, qui avait été la capitale temporaire du royaume, victime de sa prodigalité aussi bien que des événemens politiques qui lui enlevèrent son titre de capitale et les bénéfices qui y étaient attachés, obtint du gouvernement, en 1879, de la soustraire, par un emprunt d’Etat, aux conséquences de son administration imprévoyante. En 1880 le gouvernement dut remédier à la mauvaise gestion de la ville de Naples, dont il garantit la dette unifiée et réduite.

La mauvaise situation des finances locales en Italie a diverses causes : les modifications fréquentes apportées par le gouvernement à l’assiette des impôts pour améliorer sa situation, sans tenir compte de la répercussion fâcheuse qu’elles pouvaient avoir sur les finances provinciales et municipales, les embarras

  1. Après les travaux publics, qui comprennent non seulement l’entretien des voies, ports et établissemens communaux, mais encore, pour une somme considérable, les constructions et travaux neufs, le principal chapitre des dépenses communales est la police locale et l’hygiène publique, l’État italien se déchargeant le plus possible sur les communes des dépenses qui pourraient lui incomber de ce chef. Il en est de même pour l’instruction publique : toutes les lourdes dépenses de l’instruction primaire sont à la charge des communes ; celles de l’instruction technique partagées entre l’Etat et les provinces ; l’Etat ne garde pour lui seul que celles de l’instruction secondaire et supérieure.