Obscur est le chemin, arides sont les landes
Et sombres les forêts ; Sœurs, ne sentez-vous pas
En vos doigts alanguis s’alourdir les guirlandes
Qui tombent sur la route où s’éloignent nos pas ?
A l’aube de jadis nous vous avons cueillie,
Gerbe de fleurs d’amour ! gerbe de fleurs d’espoir
Qu’un frêle doigt d’enfant d’un fil fragile lie
Et qu’un vent automnal disperse en l’air du soir !
O jeunes fronts pâlis par d’anciennes années,
Portez-vous le fardeau de printemps ignorés ?
Etes-vous lourds d’un poids de floraisons fanées
Pour vous pencher ainsi, las et désespérés ?
Le lys intérieur qui parfumait ma vie
Effeuille la candeur d’un calice argenté ;
Sa corolle ineffable en moi s’est défleurie
Et fa fleur sombre s’ouvre en mon cœur attristé.
Combien d’avrils sont morts dans nos âmes moroses
Et d’oiseaux envolés que nous avons aimés !
Du funèbre parfum des expirantes roses
Nos cœurs sont pour toujours tristement embaumés.