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Les lumineux parfums, les odorans rayons
Montent vers le ciel rose où vibre leur lumière
Dans un palpitement d'ailes de papillons.
Sois la divine sœur de la rose trémière !
Fais rire aux gais échos tes rires puérils,
Et loin de la tristesse à ton cœur coutumière
Laisse, oublieuse enfin de ses futurs périls,
S'ouvrir comme une fleur ton âme printanière,
Et refleurir en toi tous les anciens avrils !


BLANCHE COURONNE


Vénérables gardiens du toit hospitalier,
Voici du haut portail les cèdres séculaires
Couvrant l'antique seuil d'un abri familier ;
Du fond de l'avenue on les voit éployer
Leur frondaison plus sombre aux cieux crépusculaires.

Voici la porte, la glycine et, brusquement,
Le mystère odorant et paisible du cloître,
Le préau tout en fleur et l’enguirlandement
Embaumé des piliers, dont on voit lentement,
Selon l'heure du jour, l'ombre croître ou décroître.

Le verger rayonnant et rose, le jardin,
Le vieux puits et les toits des basses métairies
D'où le vol des pigeons se disperse soudain,
Le perron dont les fleurs couvrent chaque gradin
Et les doux clairs de lune argentant les prairies.

O fleurs d'hortensias, de lys et de jasmins,
Clématites, glaïeuls, roses, roses trémières !
Guirlande merveilleuse effeuillée en mes mains.
Parfumez à jamais les tristes lendemains
Epanouissement des floraisons premières !