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à des peintres connus, ne renouvellent pas, néanmoins, avec assez d’autorité ni d’originalité des sujets rebattus pour que l’imagination en reste frappée. Le plus important, Jésus descendant aux limbes, par M. Léon Glaize, montre, dans le faire du peintre, un assouplissement remarquable ; quelques-unes des nudités bibliques qui s’y agitent sont des morceaux d’étude excellens ; peut-être fallait-il moins de torses et plus d’émotion religieuse. La légende antique est représentée par deux épisodes nouveaux de cette longue histoire des vestales pour lesquelles M. Hector Le Houx garde, avec une surprenante fidélité, le culte de sa jeunesse. Un grand tableau représente le Tirage au sort d’une nouvelle vestale, un tout petit le suicide de Lanuzia, qui, pour n’être pas enterrée vive, se précipite du haut de sa maison. C’est dans le petit que le peintre a le plus délicatement exprimé son sentiment particulier de l’art antique. Au milieu de toutes ces fantaisies historiques et religieuses il faut pourtant remarquer quatre morceaux d’une exécution tirs personnelle et très soignée où se retrouvent les meilleures qualités de leurs auteurs, le Sommeil de l’Enfant Jésus, par M. Hébert, dans lequel l’expression poétique est réalisée par un jeu plus compliqué et plus délicat que jamais des lumières caressantes et des ombres mystérieuses ; la Vérité dans le puits, tuée par les menteurs et les histrions, de M. Gérôme, allégorie vague pour la conception, mais d’une précision raffinée pour l’exécution ; les Baigneuses, de M. Fantin-Latour, dont le charme procède à la fois de Prud’hon, du Corrège et de Venise ; enfin, la grande toile de M. Roybet, la Sarabande, dans laquelle cet imperturbable praticien combine, avec une tranquille bravoure, les souvenirs de Velasquez, de Cornelis de Vos, de Frans Hals et de Van Dyck.

Au Champ-de-Mars, où l’histoire n’est point en honneur et où la fantaisie ne se donne point carrière autant qu’on pourrait croire, l’imagination ne joue presque aucun rôle. On trouve bien le désir d’en montrer dans les Quatre Saisons et dans l’Apothéose de Watteau, par JM. Latouche, mais des agitations hasardeuses de figures incertaines, à travers des formes décomposées, dans des lumières mal définies, ne suffisent pas, même avec de l’entrain et de l’habileté, à donner un aspect décoratif ni à communiquer une impression poétique. Le Moïse et la Source de Sainte-Claire, par M. Lagarde, d’une tonalité bien soutenue et d’un sentiment délicat, rentrent plutôt dans la catégorie des paysages historiques. La scène de massacre à Constantinople, au IVe siècle, par M. François Lafon, contient quelques bons morceaux en style scolaire ; les Funérailles de Pierre le Vénérable, par M. Georges Claude, sont traitées avec un sens juste de l’époque. La grande