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et télégraphes qui figure au budget pour 28 millions, n’appelle aucune observation spéciale, non plus que celui des chemins de fer qui s’élève à 23 millions. Ces deux sommes constituent des produits nets, c’est-à-dire la différence entre les recettes brutes et les frais d’exploitation de ces administrations. Les postes et télégraphes s’étendent à toute l’Allemagne et comprennent l’ensemble de ce service sur l’intégralité du territoire, sauf la Bavière et le Wurtemberg, tandis que l’Empire ne possède d’autres chemins-de fer que ceux d’Alsace-Lorraine : la plus grande partie des voies ferrées sont restées en la possession des États confédérés.

Banque. — L’article « banque » figure aux recettes de l’Empire pour 7 millions de marks. Il est constitué presque entièrement, sauf une faible taxe perçue sur la circulation des billets au-delà d’une certaine limite, par la redevance que verse la Banque de l’Empire à titre de partage des bénéfices. Cet établissement a inauguré son activité le 1er janvier 1876, se substituant à cette date à l’ancienne Banque de Prusse, et commençant aussitôt son rôle de régulateur de la circulation, que la loi constitutive du 14 mars 1875 définit ainsi : « Sous le titre de Reichsbank, est créée une banque placée sous la direction et la surveillance de l’Empire ; sa mission est de régler la circulation monétaire sur toute l’étendue du territoire, de faciliter la compensation des paiemens et de rendre productifs les capitaux disponibles. »

Ici comme en matière politique, il a fallu tenir compte de l’organisation particulariste ; l’unité d’émission n’a pas été votée. Dix-sept banques, aujourd’hui réduites à huit, conservèrent le droit d’émettre des billets. Mais leur importance à ce point de vue ne cesse de décroître, tandis que la circulation de la Reichsbank prend une place de plus en plus grande ; ses billets sont évidemment destinés à finir par être la seule monnaie de papier du pays. Celles-ci sont limitées dans leur expansion et peuvent même se voir retirer par le gouvernement leur privilège d’émission. En 1893, la circulation moyenne de la Banque impériale s’est élevée à 985 millions et celle de l’ensemble des huit autres à 173 millions. Parmi ces dernières, il en est, comme la banque de Breslau et celle de Brunswick, dont la circulation ne dépasse pas deux millions de reichsmarks.

L’organisation de la Banque de l’Empire est un mélange remarquable de tendances opposées en apparence : le capital de 120 millions a été fourni par des actionnaires particuliers ; des prescriptions sévères règlent la circulation des billets et défendent qu’ils ne dépassent l’encaisse et le portefeuille de plus d’une certaine quantité fixe ; une séparation aussi nette que possible est établie entre ses affaires et le budget général de l’Etat, en même temps