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de l’impôt de consommation perçu sur le territoire de chacun d’eux à titre de remboursement de leurs frais de perception. Le produit net est ensuite réparti entre eux à raison de leur population.

La taxe de consommation s’élève à soixante-dix marks par hectolitre, mais par une faveur spéciale (liebesgabe) inscrite dans la loi de 1887, deux millions d’hectolitres ne payent que cinquante marks. Ce contingent d’alcool à taxe réduite est réparti entre les différentes distilleries, tous les trois ans, à raison de leur production des trois années précédentes. L’impôt sur les cuves (maischbottich) est acquitté par les distilleries agricoles à raison d’un mark trente et un pfennig pour chaque hectolitre de capacité : elles payent en outre un droit supplémentaire de vingt marks par hectolitre d’alcool pur. Les distilleries agricoles sont celles qui brûlent exclusivement les grains et les pommes de terre, et qui emploient tous leurs résidus à nourrir leur bétail ou à fumer leurs terres. Enfin l’impôt sur les produits à distiller (Branntwein-materialsteuer) frappe les marcs, déchets de fruits et de brasseries, les vins de raisins et autres fruits destinés à la distillation : il ne produit qu’une somme insignifiante.

Comme pour le tabac, le gouvernement impérial a songé à établir le monopole de l’alcool, que la presque unanimité du Parlement a rejeté en 1886 ; un nouveau projet est en préparation qui aurait pour résultat, s’il était voté, de favoriser les distilleries agricoles au détriment des distilleries industrielles. Il propose un droit de brûlage (brennsteuer), progressif selon l’importance des établissemens.

Bière. — Les droits sur la bière, donnent 25 millions, qui pourraient, de l’avis général, fournir une somme plus considérable. On pensait qu’ils seraient augmentés en même temps que l’ont été ceux de l’alcool : mais jusqu’ici les résistances des États du Sud ont été les plus fortes. Le Reichstag estime que l’alcool étant surtaxé, il faut d’autant moins toucher à la bière. Les partisans de l’impôt répondent que doubler la taxe actuelle serait ajouter une fraction insensible au prix de chaque verre ; les plus audacieux insinuent qu’alors même que la consommation individuelle diminuerait légèrement, ce ne serait peut-être pas une calamité nationale : on les arrête bien vite en leur rappelant qu’il n’est pas permis au-delà du Rhin de plaisanter la liqueur divine qui est un des élémens de la vie germanique. C’est ici que les projets d’élévation d’impôt trouvent les résistances les plus violentes, appuyées sur un sentiment populaire dont aucun ministre des finances, pas même un chancelier de fer, ne saurait méconnaître la puissance. L’impôt sur la bière n’est prélevé pour compte de