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ostensibles, on parlera très haut des droits de l’humanité et du fléau de la guerre. En fait, l’empereur écrit à Allvintzi, le 5 janvier 1797, de faire lever le siège de Mantoue et de rejeter Bonaparte derrière le Mincio. Chemin faisant, il s’emparera, sur les terres de Venise, de Peschiera, de Vérone et d’autres positions avantageuses : « Vous ne sauriez admettre qu’on élève vis-à-vis de nous une prétention que l’on n’a pas trouvé à propos de soutenir contre l’ennemi. » Si Venise éprouve le désir de se plaindre, elle députera vers la cour impériale à Vienne. Quant au pape, il a demandé, pour commander ses troupes, un général autrichien. L’empereur lui envoie le général Colli, mais Allvintzi ne correspondre avec lui que sur les affaires militaires ; il s’abstiendra particulièrement de rien découvrir des projets que l’empereur forme pour l’avenir. Si les troupes impériales occupent Ferrare avant celles eu pape : « Vous exécuterez les ordres éventuels dont vous êtes muni… » Ces ordres, en date du 12 novembre, étaient fort analogies à ceux qu’en 1792 et 1793 l’empereur avait donnés aux généraux qui venaient délivrer le roi de France et rétablir la monarchie française : « L’intention de Sa Majesté est que la province de Ferrare ne soit regardée, pour le présent, que comme un pays abandonné aux Français par le pape dans sa convention d’armistice, recouvré ensuite par les armes autrichiennes, dont l’occupation est motivée par la raison de guerre et la convenance des opérations militaires. » Le pays sera administré militairement ; le nom du général commandant en chef « tiendra dans tous les actes la même place que celui du légat du pape… Si quelque personne se présentait, de la part du pape, pour se remettre en possession de Ferrare, le général commandant en chef ne souffrira point… qu’elle continue à séjourner dans le pays… Les mêmes principes peuvent être appliqués à la province de Bologne. » C’est ainsi que l’Autriche entendait l’œuvre de la Restauration : elle l’entendit encore de la même façon en 1814. Venise était la proie désignée ; quant aux Légations, elles demeureraient vraisemblablement à qui les tiendrait au moment de la paix, et Allvintzi s’occupait de les conquérir. Bonaparte entreprit de lui barrer le chemin, et, une fois encore, sa fortune et la paix de la République furent jetées au sort d’une bataille. Ce fut depuis son entre en campagne, en mai 1796, jusqu’à son dernier combat, en juin 1815, la condition de Bonaparte. Il n’eut jamais de sécurité durait les trêves, et, dans la guerre, il fut toujours condamné à vaincre ou à tout perdre.

Cependant, les partisans du pape, ceux des anciens gouvernemens, payés par les nobles, soutenus par les moines, appelaient