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ou protestantes, grecques et russes schismatiques, nous ne faisons entre elles aucune différence. Nous ne sommes hostiles à aucune. Souvent, selon les divers pays que nous traversons, nous les soutenons de notre parole et, quand elles le veulent bien, de nos dons. C’est ainsi que, même aux salutistes, nous avons, en diverses occasions, prêté un secours efficace et que, lorsqu’ils ont fondé leur hôpital, j’ai tenu moi-même la truelle d’argent.

« Pour les autres comme pour nous, le nom de chrétiens nous suffit. Car, quelle que soit la doctrine des sectes, encore ne font-elles que travailler sur les mêmes Écritures, et quoi qu’elles puissent dire, y a-t-il certains points essentiels sur lesquels, sans cesser d’être chrétiennes, — ou même néo-chrétiennes comme la secte nouvelle dont vous m’avez parlée, — il n’est permis à aucune de broncher.

« En est-il une, parmi elles, continua-t-il en s’animant à mesure, qui, sans perdre son nom, puisse ne pas croire que l’Ancien et le Nouveau Testament ne soient l’un et l’autre les marques extérieures et sensibles par lesquelles Dieu se soit manifesté, et qui, croyant à la révélation et aux miracles qu’elle proclame, ose nier que, dès la naissance, les hommes nés criminels n’aient besoin d’être sauvés ?

« Toutes le croient et l’enseignent. Toutes croient au péché et à la rédemption, aux Apôtres et à Moïse, qui ont dit et annoncé la faute et le rachat. Toutes, croient en Christ et en Adam, en qui toute foi réside, et sans qui il n’y aurait plus ni concupiscence ni grâce, ni indignité ni salut ! »


Il me demanda si j’admettais.

J’admis, et non pas tant pour la commodité de la conversation que parce qu’il me semblait bien qu’au moins fallait-il qu’ils fussent chrétiens pour être hérétiques, et d’autant plus chrétiens, si j’ose dire, que détachés des églises et des convenances qu’elles imposent, Samuel et son noble ami ne tenaient à Dieu que par eux-mêmes, trop directement, trop sérieusement peut-être, mais du moins sans feintise ni fadeur, non plus que par élégance mondaine ou banale courtoisie.


« J’espère vous le faire connaître un jour, ajouta lord Hyland. Peut-être fera-t-il pour vous ce qu’il a fait pour moi, et qu’ouvrant vos yeux à la lumière il vous engagera dans la voie véritable où selon ma nature et mes forces je l’ai suivi.

« Mais avant de vous dire la chute que je fis ce jour-là en suivant le cerf, et l’inspiration soudaine qui, comme Ananias auprès de Saül, amena Samuel au chevet d’un blessé, je ne crois