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comme si elles étaient d’hier, ces chapelles font une impression de jeunesse et de radieuse immortalité.

Nous voici dans le vrai sanctuaire d’Isis et d’Osiris. Les bas-reliefs polychromes du règne de Séti 1er  sont d’une exquise finesse de dessin et d’une intense vivacité de couleurs. Le plus grand nombre représente les hommages du roi à la divinité. Le geste est toujours hiératique, le sens d’un haut symbolisme. Ici, Isis debout, le bras tendu, appuie la main sur l’épaule du Pharaon qui la regarde en face. Plus loin, assise sur un trône, elle allaite le roi debout sur une marche. La grande mère de sagesse incline sa tête pensive, elle enveloppe son royal élève d’un geste protecteur et lui présente son sein avec une sollicitude maternelle, une chasteté virginale. Plus loin encore elle touche ses lèvres de la croix ansée pour lui insuffler la vie divine. Ces peintures nous font comprendre le sens et la destination du sanctuaire. Lorsque le Pharaon recevait à Abydos son initiation définitive, il entrait d’abord dans la chapelle de gauche consacrée au Roi et renfermant la statue royale. Loin de s’y adorer lui-même dans la plus ridicule des idolâtries, il y révérait l’idéal du Pharaon qu’il devait poursuivre toute sa vie. Dans chacune des six chapelles subséquentes, il rendait hommage par l’oflre de l’eau, du feu, de l’encens et de la prière à l’un des principes cosmogoniques de l’univers, correspondant à l’un des principes constitutifs de l’homme : à Phtah, le distributeur élémentaire et vital ; à Harmakis, le modulateur plastique du monde et du corps éthéré ou doicble de l’homme ; à Ammon, générateur des êtres et centre de l’âme individuelle ; à Osiris, le Verbe de l’Intelligence ; à Isis, la Lumière céleste et intelligible : enfin à leur fils Horus, l’Esprit divin ressuscité dans l’Homme. On voit que, dans cette cérémonie religieuse, le Pharaon parcourait l’échelle ascendante de la vie et s’imprégnait successivement des sept principes générateurs de l’univers, se spiritualisant d’échelon en échelon pour remonter à sa source. Dans la dernière chapelle, il était censé avoir accompli son évolution. Lui-même devenait un Horus, nom qu’il prenait dans tous les documens officiels.

Les plus beaux bas-reliefs se rapportent au mythe osirien lui-même. Rien de plus majestueux qu’Osiris, trônant couronné du pschent, armé du sceptre et du fléau. Rien de plus svelte et de plus chaste qu’Isis avec sa robe jaune calamistrée, à longs plis droits. Le sourire de la déesse est généralement énigmatique, tantôt d’une douceur triste, tantôt d’une sérénité pénétrante. Ravissante est l’Isis agenouillée dans la barque solaire, devant son époux Osiris. Quel abandon parfait dans son adoration, quelle