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jours des Masdevallia qui ne pèsent presque rien, pas le quart de leur valeur en ce métal.

C’est à Londres que se tient le marché des plantes rares. Des botanistes, devenus des spéculateurs à outrance, car ils y exposent leur vie, expédient en Angleterre et de toutes les parties du monde de grandes quantités d’Orchidées qui sont vendues à la criée dès leur arrivée. Si nombreux sont les amateurs, que rapidement achetées, dispersées et classées dans un nombre infini de serres, elles conservent leur valeur. On redoute qu’une trop ardente chasse dans les forêts vierges n’aboutisse à une destruction totale. Ce n’est guère probable et leur réapparition, comme celle de la Daun Petola des îles de la Sonde, se produira de nouveau. Nombreuses sont les terres sur lesquelles rayonne un soleil ardent et où, en même temps, règne une humidité chaude et fécondante. Comme le fait très bien remarquer M. E. de Puydt, si l’on veut bien se rappeler que les Orchidées épiphytes habitent une zone de quinze cents lieues de large et de neuf mille lieues de tour, circonférence immense qui enserre l’équateur, et que, dans cette circonférence sont comprises des contrées qui n’ont pas encore été exploitées, on peut se convaincre que les recherches des botanistes de l’avenir ne demeureront pas stériles, et qu’il leur est réservé tout autant de jouissances qu’à ceux de la génération présente.


III

C’est en raison des grandes importations que M. A. de Candolle a pu dire, au dernier Congrès botanique tenu à Paris, que nous approchions d’une époque où l’on connaîtrait tous les genres de plantes. Cela ne suffit pas : il faut doubler le nombre de nos serres, et puisque tant d’Orchidées importées en Angleterre trouvent d’ardens acheteurs, c’est sans doute parce que ceux-ci n’y perdent guère, ou ne serait-ce pas plutôt parce qu’ils y gagnent de l’argent ? C’est à peu près certain en voyant les prix extravagans payés pour certaines espèces. Lors de la vente du Cypripedium Lawrenceanum Hyeanum, une variété unique qui tleurit pour la première fois dans les serres de M. Linden en 1885, 10 000 francs furent demandés et octroyés. Les divisions d’un Cypripedium insigne Sanderae ont rapporté plus de 15 000 francs. Un Vauda, appartenant à Mme Morgan de New-York, a atteint le prix de 9 500 francs. Un Cattleya Trianae var., qui figurait dans la fameuse collection de M. Lee, fut divisé en sept