Page:Revue des Deux Mondes - 1895 - tome 127.djvu/453

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Kunth dans un livre très documenté. Toutefois, les plantes qui y sont décrites, lesquelles appartiennent surtout à la Colombie, renferment peu d’Orchidées. Par la suite et jusqu’à l’époque actuelle, il est permis d’avancer que c’est à M. J. Linden, de Luxembourg, que l’on doit l’histoire presque complète des végétaux exotiques dont nous nous occupons en ce moment. Il y voua toute sa jeunesse, ou, pour être plus exact, sa vie entière, et, à ce titre, en consacrant quelques lignes à ses voyages, nous ne ferons que lui rendre un hommage bien mérité.

Le 2 octobre 1835, MM. J. Linden, N. Funck et Aug. Griesbrecht, tous les trois élèves aux Facultés de (sciences et de médecine à l’Université de Bruxelles, reçurent de leur gouvernement la mission de parcourir à divers titres l’Amérique du Sud : M. J. Linden en qualité de botaniste ; M. Funck, comme dessinateur, et M. Aug. Griesbrecht, en zoologiste. Après dix-huit mois de recherches dans les provinces de Rio, de l’Espiritu Santo, de Minas Geraes et de San Pablo, la mission rentra en Belgique avec de riches collections botaniques et zoologiques. En 1837, nouveau voyage aux Antilles et au Mexique : exploration de la partie occidentale de Cuba, du versant oriental de la Cordillère mexicaine, du plateau d’Anahuac, et du célèbre pic d’Orizaba. Du Mexique, alors en pleine guerre civile, M. J. Linden passe aux Etats-Unis par Campêche et la Havane, pendant que ses deux compagnons reviennent directement en Belgique. De retour en Europe, en 1841, encore convalescent d’une attaque de fièvre jaune, l’infatigable orchidophile met sous les yeux enchantés de M. de Humboldt toutes ses richesses végétales et principalement celles de la Colombie et du Venezuela, qui lui avaient été signalées par l’illustre savant. Quelques semaines de repos seulement, et J. Linden repart pour explorer les lianes de la Cordillère du littoral vénézuélien ; on le trouve franchissant le col dangereux de Mucuchies situé à 4 012 mètres au-dessus du niveau de la mer, il consacre plusieurs mois à l’exploration des provinces de Mérida et de Trujillo ; puis, passant dans la Nouvelle-Grenade, il arrive à Bogota en octobre 1842. De là, nouvelles excursions qu’il serait trop long de relater. Après avoir échappé aux Indiens anthropophages de la Goajira, il s’embarque à Rio-Hacha, petit port de la mer Caraïbe, pour la Jamaïque, dont il visite les Montagnes Bleues. Ce n’est qu’en février 1845 qu’il remet les pieds en Europe. « De ces lointaines et longues pérégrinations, ainsi que l’écrivait le savant directeur de l’Ecole d’horticulture de Gand, M. Emile Rodigas, la botanique et l’horticulture ont retiré d’immenses bénéfices. Des milliers d’espèces nouvelles appartenant à tous les genres du règne végétal,