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les fleurs blanches et roses de l’orchidée Phalœnopsis, une des merveilles de la flore tropicale.

Les Espagnols, qui ne furent jamais cruels envers les indigènes des Philippines, firent grâce de la vie au Tagale. La fleur fut appelée Flor de Redemcion.

Nous voyons encore que les Japonais ont en grande vénération une Orchidée qu’ils appellent Nu-ran, et qui, d’après Kæmpfer, est l’ornement habituel des temples. Dans les Indes Orientales, il était défendu au peuple de posséder des plants d’Orchidées, et d’en porter les fleurs ; ce droit était réservé aux princesses et aux dames de haute noblesse.


II

Lorsqu’un naturaliste, revenant de quelque pays éloigné, affirmait avoir vu fixé sur une branche de palmier, sur une roche nue, ou sur le tronc d’un arbre mort, un végétal couvert de fleurs et dont les délicates racines flottaient au vent sans rien en apparence qui les nourrît, on lui répliquait par un proverbe bien connu des voyageurs qui viennent de loin. Linné, pourtant se décida à donner à ces plantes, si peu connues, le nom d’Epidendrum, ce qui signifie « sur les arbres ». Quanta une désignation plus spéciale de celles qui puisent leur substance dans le sol, et que l’on nomme en bloc Orchidées terrestres, elle se fit au fur et à mesure de leurs découvertes.

Dans le système de Linné, les Orchidées appartiennent à la vingtième classe, Gynandrie, ou plantes à étamines soudées avec le pistil, et à la première section de cette classe, la Monandrie ou fleurs à une seule étamine. La méthode naturelle de Jussieu les range parmi les Monocotylédones, plantes qui comme le lys n’ont qu’un seul lobe ou cotylédon, et à la quatrième classe, Epistaminie, mot qui a à peu près le même sens que Gynandrie. L’espace immense que les Orchidées occupent sur notre planète, a nécessité leur partage en groupes ou tribus, nom sous lequel on désigne les divisions primaires établies dans une famille de plantes. Elles sont au nombre de cinq : les Epidendrées, les Vandées, les Néottiées, les Ophrydées et les Cypripédiées. Les principales différences entre elles portent sur le nombre des étamines fertiles, sur la consistance du pollen et sur la structure des anthères. Cette classification est celle adoptée par Bentham, un célèbre botaniste anglais, mort il y a quelques années, lequel d’ailleurs n’a fait que modifier la classification de Lindley, le plus illustre des orchidologues de notre siècle.