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celles-là sont installées à Montrouge, dans un immeuble bâti tout exprès, où se concentrent la correspondance et la comptabilité des dix dernières années, — mais aux archives, ou mieux aux « études », comme on les nomme, financières, industrielles et commerciales du monde entier. Dans ces bureaux, création originale de M. Germain, toute association de capitaux a son dossier comme, à la préfecture de police, tout particulier notable a le sien. Les employés sont répartis en quatre sections : l’industrie est du ressort de la première. Elle doit collectionner tous les documens, recueillir tous les rapports et se procurer autant que possible des renseignemens confidentiels sur les origines et l’état présent de toutes les compagnies de mines, de gaz, d’électricité, de navigation ou de tramways, en France et à l’étranger. La seconde section fait de même pour les banques : la connaissance de leur situation exacte est des plus utiles à une société de crédit. La troisième s’occupe des chemins de fer ; la quatrième des fonds nationaux et municipaux des divers pays. Une bibliothèque de périodiques spéciaux, méticuleusement ordonnée, complète cette organisation, grâce à laquelle de jour à jour, presque d’heure à heure, le conseil est éclairé sur la conduite à tenir.


VII

Pour contrôler les milliers de renseignemens lentement accumulés ainsi depuis un quart de siècle, l’établissement de crédit se sert de ses agences, rouage précieux d’où vient une grande part de sa force. A eux trois, le Crédit lyonnais, le Comptoir d’Escompte et la Société générale possèdent 70 bureaux de quartier dans Paris ou la banlieue, 260 agences en France et 30 succursales à l’étranger. Les banques du nouveau type ont compris que le moyen le plus efficace, pour réussir et se répandre, était d’aller chercher le client et, par les facilités offertes, de forcer dans leurs derniers retranchemens l’insouciance et la routine. A la Générale revient l’honneur de cette initiative, que ses rivaux ont suivie ou perfectionnée. Ces créations ont été très onéreuses, parce qu’il faut plusieurs années pour que les recettes dépassent les frais d’exploitation. Encore est-il des agences qui ne rapportent presque rien ou qui même travaillent à perte, si l’on ne tient pas compte de leur recouvrement gratuit des effets dont elles sont chargées par la métropole. Celles-là remplissent un peu le rôle des second et troisième réseaux de nos chemins de fer, qui font gagner de l’argent aux grandes lignes en leur amenant du trafic, et qui, considérés isolément, ressortent en déficit.