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de Vasari, de Spinello Aretino, de Jean d’Udine, de la chapelle de Nicolas V au Vatican et du monastère de Subiaco, de Giotto, d’Orcagna, de Pinturrichio, de Titien, de la Bibliothèque des papes, — toutes merveilles dont plusieurs ont été spécialement relevées pour cette publication, qui ne peut manquer d’être appréciée à sa valeur.

Sans sortir de la Ville éternelle, où partout éclate la grandeur des papes, on peut entrer dans la Renaissance. Car elle n’eut pas de protecteurs plus fervens et plus magnifiques que Sixte IV, Jules II, Léon X, Clément VII, jusqu’à Paul III et Jules III, avec qui disparaissent ses derniers représentans véritablement convaincus, non sans avoir laissé des monumens impérissables et donné à la Renaissance son caractère international, universel et catholique. M. Eugène Muntz, après les brillantes et fructueuses étapes que l’on sait chez les Primitifs et dans l’Age d’Or, nous montre cette fois dans ce troisième volume la Fin de la Renaissance[1], qu’il a si bien définie «l’alliance de la tradition, c’est-à-dire l’antiquité classique, avec l’initiative ou l’émotion, en d’autres termes le réalisme. » Pour lui, la fin, c’est le moment où cet accord est rompu vers le déclin du XVe siècle, après l’épanouissement de la dernière floraison avec Michel-Ange, Jean Bologne, Corrège, Bernardino Luini, Titien, Paul Véronèse, le Tintoret, Serlio, Vignole, Palladio, Benvenuto Cellini. Ce livre de haut enseignement est aussi une œuvre de luxe, véritable musée où nous retrouvons de superbes gravures, une riche variété de tableaux de ces maîtres de la peinture, de la sculpture et de l’architecture. Un chapitre est consacré plus spécialement aux arts décoratifs : la glyptique, l’orfèvrerie, la céramique, la peinture sur verre, la mosaïque et la miniature, et cet art de l’enluminure où les Écoles de Paris et de Bologne dominent toutes les autres depuis le XIIIe siècle.

Si l’on veut avoir l’idée la plus exacte de ce que devait être une cathédrale conçue par un architecte de ce temps, il faut lire l’histoire et la monographie de M. A. Gosset sur la Cathédrale de Reims[2], ouvrage le plus complet qui ait été publié sur le chef-d’œuvre de l’art ogival, sur son style, sur les détails de construction, sur la sculpture et les vitraux de cette admirable église.

A partir du moyen âge, la France et l’Italie gouvernent toute l’Europe par les travaux de la pensée, comme elles la dominent par les manifestations les plus pures de l’art, et là, comme ailleurs, la chrétienté prend encore le dessus dans le développement de l’architecture et de la sculpture. Mais nul peuple ne paraît avoir apporté autant que

  1. Histoire de l’Art pendant la Renaissance. — I. Italie. Les Primitifs. — II. L’Age d’or. — III. La fin de la Renaissance, par M. Eugène Muntz, 3 vol. in-8o jésus avec gravures et planches hors texte ; Hachette.
  2. Cathédrale de Reims, par M. Alphonse Gosset, 1 vol. in-folio ; May et Motteroz.