Page:Revue des Deux Mondes - 1894 - tome 126.djvu/828

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et dont les résultats seraient de nature à compromettre l’équilibre des comptes de la compagnie, en l’empêchant d’opérer l’intégralité des prélèvemens autorisés en 1883.

Les comptes des quatre premières compagnies s’établissent tout autrement. Prenons comme exemple ceux de l’Orléans. Pour le même exercice 1893, les résultats nets de l’exploitation sont de 89 millions de francs, en face desquels la compagnie place les charges de l’intérêt et de l’amortissement du capital emprunté, sans distinction de l’ancien ou du nouveau réseau, s’élevant à 65 millions, l’intérêt et l’amortissement des actions pour 10 millions, les droits de timbre et frais du service des titres 2 millions, enfin le prélèvement du dividende des actions 24 millions, total 101 millions. Ce chiffre dépassant de 12 millions celui des recettes nettes, l’Orléans fait appel pour cette différence à la garantie de l’Etat. Le chiffre de cette garantie pourrait donc en théorie croître indéfiniment à mesure que les produits du réseau s’abaisseraient. Il en est de même pour l’Est, l’Ouest, le Midi.

Le Nord a reçu en 1883 des concessions de lignes nouvelles pour un total de 437 kilomètres environ, dont un premier groupe à construire par la compagnie pour compte de l’État et un second, de 172 kilomètres, à remettre par l’Etat à la compagnie, en état de réception définitive. La compagnie, outre le matériel roulant et le mobilier d’exploitation qu’elle doit fournir, met à la disposition de l’Etat une somme de 90 millions, plus que suffisante, selon les devis les plus élevés, pour construire la totalité des 265 kilomètres du premier groupe : elle représente, en effet, 340 000 francs par kilomètre. L’excédent éventuel sera appliqué à la construction de lignes nouvelles dont la compagnie s’engage à accepter la concession, ou simplement versé au Trésor, si l’Etat le préfère. Un ensemble de lignes, — Lille-Valenciennes, Lille-Béthune, Picardie-Flandres, Abancourt au Tréport, Frévent à Gamache, — sont concédées à la compagnie du Nord qui les exploitait déjà. Les lignes du Nord-Est qu’elle exploitait également sont rattachées à son réseau, de façon qu’un ensemble de 767 kilomètres se trouve incorporé à sa concession.

Un certain nombre de ces lignes avaient été concédées sous le régime des chemins d’intérêt local : la convention de 1883 les classe dans le réseau d’intérêt général, ce qui a l’avantage pour l’État de les faire passer dans son domaine. La durée de toutes les concessions de la compagnie est uniformément ramenée à celle de sa concession principale, qui expire le 31 décembre 1950. Au point de vue de l’établissement des comptes, l’unification est opérée comme pour les autres compagnies. Toutes les lignes à elle