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thénie acquise, peuvent produire les mêmes effets que l’hérédité morbide. On n’a pas à s’étonner en effet de voir que les dégénérés par hérédité ne diffèrent pas des dégénérés par troubles de la nutrition des générateurs, si les dégénérescences résultent en général de troubles de l’embryogénie qui se réduisent en somme à des troubles de la nutrition. La théorie tératologique de l’hérédité morbide et de la dégénérescence permet de comprendre non seulement la dissemblance dans l’hérédité morbide, mais encore l’absence d’hérédité dans les maladies du groupe soi-disant héréditaire, mais qui mérite mieux d’être qualifié de dégénératif.

Les troubles du développement sont d’autant plus importans au point de vue de leurs conséquences qu’ils se produisent à une époque plus rapprochée du début de l’évolution. Les formes extérieures sont déjà constituées longtemps avant que la structure des organes ait atteint sa perfection. C’est ainsi que, chez l’homme, la naissance surprend en plein développement certaines parties du système nerveux et des plus importantes au point de vue de la vie de relation. Il est donc facile de comprendre qu’il peut exister des troubles d’évolution du système nerveux dus à l’hérédité morbide ou provoqués par des influences de milieu sans déviations morphologiques extérieures. On a du reste attribué à des troubles d’évolution du système nerveux plusieurs lésions des centres que l’on trouve dans des névropathies familiales où on peut ne pas rencontrer de malformations externes.

Une race se forme par la fixation des caractères spécifiques transmissibles par génération sexuelle. Les familles et les individus qui composent la race transmettent à leurs descendans des caractères de famille et des caractères individuels, se combinant avec une variété infinie pour constituer des personnalités qui ne peuvent cependant différer entre elles que dans une mesure telle que les adaptations au milieu physique et au milieu social ne soient pas sensiblement modifiées. Lorsque les qualités spécifiques qui caractérisent la race cessent de se transmettre par hérédité ; lorsque, dans une famille, les enfans cessent de ressembler à leurs parens et à leurs frères et sœurs, sans recouvrer un type ancestral, et qu’il en résulte un changement défectueux dans l’adaptation au milieu physique et au milieu social, on dit que la race dégénère. Il faut entendre en effet par dégénérescence la perte des qualités héréditaires qui ont déterminé et fixé les caractères de la race. La caractéristique de ce qu’on appelle dans les races humaines l’hérédité morbide, qui n’est autre chose qu’une dégénérescence, c’est justement la tendance anormale à la variation de la descendance, qui devient de moins en moins capable de s’adapter