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pour étudier l’art de guérir. » En 1808, s’organise l’Université impériale ; les facultés de médecine se substituent aux écoles de santé ; à l’issue des études secondaires, on crée le baccalauréat ès lettres ; on l’exige pour les études médicales, comme pour les études juridiques. C’est la garantie d’une culture générale. Mais comme ce baccalauréat ne contenait de sciences que des mathématiques, et encore à très petite dose, on ne tarda pas à s’apercevoir que, s’il était une preuve suffisante d’une culture générale, il laissait les étudians en médecine démunis des connaissances indispensables en physique, en chimie, en zoologie et en botanique. Pour combler la lacune, en 1821, on crée un baccalauréat spécial, comprenant, avec quelques mathématiques, la physique, la chimie, la zoologie, la botanique et la minéralogie, et on l’exige, en même temps que le baccalauréat ès lettres, des futurs médecins. A la preuve d’une culture générale, s’ajoutait ainsi la preuve d’une culture spéciale, également nécessaire.

Après dix ans de ce régime, cette double exigence ayant paru sans doute excessive, ce baccalauréat ès sciences spécial fut supprimé ; mais dès l’année suivante, les facultés de médecine en réclamaient le rétablissement ou l’équivalent. En 1833, il fut rédigé un projet de règlement général pour les études et la discipline dans les facultés de médecine : il prévoyait « cinq années d’études, dont une année préparatoire suivie d’un examen d’admission. »

« Votre commission établit d’abord un examen d’admission ; non seulement il convient qu’un jeune homme, pour se livrer à l’étude de la médecine, soit assez initié dans les belles-lettres pour avoir obtenu le titre de bachelier, mais il faut encore qu’il connaisse les principes généraux de la chimie, de la botanique et des sciences naturelles assez bien pour pouvoir en étudier l’application aux diverses branches de la médecine. C’est à s’assurer que les jeunes gens qui veulent être étudians en médecine ont déjà ces connaissances que le premier examen sera consacré ; il remplacera avantageusement le baccalauréat ès sciences. » On se borna à rétablir, en 1836, parallèlement au baccalauréat ès lettres, le baccalauréat ès sciences.

En 1852, quand M. Fortoul eut imaginé et réalisé ce système d’études secondaires connu sous le nom de bifurcation, et dans lequel les élèves des lycées se séparaient, à partir de la troisième, les uns pour continuer leurs études littéraires, les autres pour se livrer à des études scientifiques, les deux sections aboutissant, l’une au baccalauréat ès lettres, l’autre au baccalauréat ès sciences, il sembla que ce dernier, obtenu après deux ou trois ans d’enseignement scientifique succédant à un enseignement élémentaire