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sans doute des anciens puits de mine qu’on a découverts depuis à environ 12 milles de Zimbabyé. Près du fourneau se trouvaient un grand nombre de petits creusets en argile qui ont servi à la fusion de l’or et aux parois desquels étaient encore adhérentes des parcelles d’or. À côté se trouvaient des outils propres à l’extraction et au broyage du précieux métal, entre autres plusieurs pierres en serpentine qui ont dû servir de polissoirs, ce que rendaient évident les traces d’or encore visibles dans le grain de la pierre. Dans une cave voisine, les fouilles mirent à jour une lingotière en stéatite d’une forme curieuse, correspondant exactement à la forme d’un moule à étain trouvé à Falmouth-Harbour, et qui est bien certainement l’œuvre d’ouvriers phéniciens.

Tel est le bilan très sommaire des intéressantes découvertes faites au grand Zimbabyé ; nous ne croyons pas hors de propos de résumer maintenant l’impression qu’a emportée M. Bent de sa visite à ces ruines :

« La grande forteresse de Zimbabyé, dit-il, est assurément la construction la plus compliquée et la plus mystérieuse qu’il m’ait été jamais donné de contempler. C’est en vain qu’on cherche à se représenter par la pensée ce qu’a pu être autrefois ce labyrinthe avec ses approches bien gardées et tortueuses, avec ses murs ornés de monolithes et de tours rondes, ses temples décorés d’immenses oiseaux en pierre, ses coupes colossales couvertes d’ornemens, et puis, aux coins les plus reculés, ses fonderies d’or.

« Envisagée toute seule, cette forteresse est une merveille en son genre ; mais quand on la considère en même temps que la ruine circulaire du pied de la colline et les autres ruines éparpillées sur une vaste étendue de terrain, on ne peut s’empêcher de reconnaître que cette ancienne race devait être très puissante, et posséder aussi une grande habileté dans l’art de la construction et dans la science de la stratégie. »

Il nous reste maintenant à décrire les autres monumens visités par le voyageur anglais.


III

À une distance de 8 milles au nord du grand Zimbabyé, on voit, au milieu d’une vallée fertile, une autre ruine qui date probablement d’une époque antérieure, les assises en étant moins régulières, et les pierres moins bien taillées et ajustées. Cette ruine a aussi pour base un roc granitique, et sa disposition n’est pas moins compliquée que celle de la grande ruine de Zimbabyé : les indigènes la désignent sous le nom de petit Zimbabyé. Il est