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on agita la question d’une modification du fameux article 11 de la conférence de Madrid de 1880, relatif au droit pour les étrangers d’acquérir et de posséder des propriétés au Maroc. Des incidens très vifs se produisirent, tels que l’émeute de la population de Fez, soulevée à la simple annonce que le pavillon anglais flotterait sur la maison concédée par le sultan pour y installer le vice-consulat. Le ministre d’Angleterre quitta la ville sans avoir pu terminer aucune des affaires qui, après la présentation de ses lettres de créance, avaient motivé son séjour auprès de la cour marocaine. On assure même que Moulaï-el-Hassan, offensé de tout ce qui se passa, fit parvenir son sentiment à la reine d’Angleterre par l’intermédiaire d’une des ambassades britanniques accréditées auprès d’une puissance européenne. Mais il est inutile d’insister ici sur des événemens politiques aussi récens et d’une nature particulièrement délicate.

Au mois de septembre 1892 arriva à Fez l’ambassade du comte d’Aubigny, venant présenter ses lettres de créance et régler certaines affaires fort intéressantes, telles que l’indemnité réclamée par le gouvernement général de l’Algérie à la suite de l’agression dont une caravane de Hamiane avait été victime l’année précédente en allant commercer dans les oasis du TafiIelt. Notre ministre obtint du sultan la totalité de la somme réclamée par le bureau arabe de Méchéria et la destitution du caïd qui commandait le district où l’attaque avait eu lieu. Le makbzen concéda ensuite, — et pour une question d’intérêt général dont notre légation de Tanger avait bien voulu se charger, — quelques améliorations dans la voirie de Tanger. Une affaire récente et malheureuse avait de même attiré l’attention générale sur les conditions défectueuses où s’effectuait la police locale et indigène de Tanger. Un sujet anglais avait été tué par les gardes du pacha au cours d’une ronde de nuit. Les responsabilités avaient été mal définies. Quoi qu’il en soit, le makhzen avait payé une indemnité à la famille. Notre ministre profita de son passage à la cour pour appeler toute l’attention du sultan sur les modifications et les réformes qu’il y avait lieu d’apporter, et c’est à lui que l’on dut les améliorations très sensibles qui, pendant les années suivantes, furent constatées dans l’état des choses de la ville de Tanger. Notre représentant conclut enfin une sorte de convention commerciale dont il est impossible de ne pas reconnaître la portée, concernant les mesures propres à protéger au Maroc les marques de fabrique françaises.

On sait en effet quelle concurrence font à nos produits les marchandises anglaises, allemandes et belges. Pendant longtemps, notre situation commerciale au Maroc a été de premier