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monde s’est élevée à près d’un million et demi de tonnes ; les plus gros producteurs sont les États-Unis avec 600 000 tonnes et la France avec 400 000. Depuis cette époque les travaux d’extraction se sont développés très rapidement, en Floride : de 50 000 tonnes produites en 1890, les carrières de ce pays ont porté leur production à 175 000 tonnes en 1893.

À ces phosphates directement extraits des gisemens s’ajoutent les scories de déphosphoration ; leur production n’est pas tout à fait d’un million de tonnes, fournies pour la plus grande part par l’Allemagne, l’Autriche et le Luxembourg, et pour une fraction, importante encore, mais moindre, par l’Angleterre ; la France ne vient qu’au troisième rang avec une production qui oscille entre 80 000 et 100 000 tonnes.

La fabrication des superphosphates dépasse 2 millions de tonnes ; l’Allemagne, l’Angleterre et la France en produisent les trois quarts et consomment pour cette production environ 700 000 tonnes d’acide sulfurique. On estime qu’en France on répand chaque année 450 000 tonnes de phosphates minéraux simplement réduits en poudre, 70 000 tonnes de scories de déphosphoration et 500 000 de superphosphates. Les grandes usines de Saint-Gobain qui fabriquaient en 1889 : 100 000 tonnes de superphosphates en ont livré en 1893 : 200 000 ; la consommation s’accroît de 25 000 tonnes chaque année. Il est vraisemblable que ce mouvement se continuera ; l’acide phosphorique introduit dans le sol y persiste, les avances qui sont consenties ne sont jamais perdues, et on ne saurait qu’appuyer les sages conseils que donnait ici même récemment M. A. Muntz[1].


IV

Si le lecteur veut bien se reporter au début de l’article précédent[2], il verra que l’expérience enseigne que la potasse n’est pas moins nécessaire à l’alimentation végétale que l’acide phosphorique, et que des plantes semées dans un sol où la potasse ferait absolument défaut y languiraient quelque temps, mais finiraient par périr avant d’avoir mûri leurs graines ; si on se rappelle d’autre part que la plus grande partie de la potasse utilisée par l’industrie provient des terres cultivées, puisqu’elle a été longtemps exclusivement extraite des cendres, et qu’aujourd’hui même les salins de betteraves fournissent encore une fraction

  1. Revue du 15 août 1892.
  2. Revue du 15 juillet 1894.