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MARIE DE MÉDICIS
LES CONCINI ET L’ÉVÊQUE DE LUÇON

DEUXIÈME PARTIE[1]


III. — L’ÉVÊQUE DE LUÇON DE MARS 1615 À DÉCEMBRE 1616.

Dans le groupe politique qui se pressait autour de Marie de Médicis et de Concini, l’évêque de Luçon lui-même n’apparaît qu’assez tardivement ; il faut dire maintenant en quelles circonstances il s’y était fait une place.

À la clôture des États, qui avait eu lieu le 21 mars 1615, Richelieu était resté sur son beau succès oratoire et sur les éloges qu’il lui avait valus, notamment dans le monde épiscopal. C’était une force, à cette époque, que l’adhésion du haut clergé. Richelieu en conçut un juste sentiment de fierté, une confiance nouvelle en sa valeur et en son avenir. Mais il semble qu’il éprouva, en même temps, comme une sorte de surprise du peu d’empressement que mirent la cour et les ministres à recourir à lui. Le monde politique apprécie mal le genre de mérites dont Luçon se targuait alors : les petites besognes et les petites passions l’absorbent presque toujours ; les grands talens ne l’intéressent que quand ils consentent à se mêler à ses jeux. Une fois les États terminés personne à la cour ne songea plus à l’évêque de Luçon. Une de ces crises de fatigue et d’abattement qui accompagnent généralement en lui les grands efforts l’éloigne alors de Paris. Il va chercher un refuge dans son prieuré de Coussay. C’est là que viennent

  1. Voyez la Revue du 15 juin.