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au mois de décembre 1893, un comité de la Société coloniale allemande, dans une séance tenue à Magdebourg sous la présidence du prince de Hohenlohe-Langenbourg, prenait une délibération dans laquelle il exprimait l’espoir que le gouvernement allemand devait s’efforcer d’étendre la sphère d’influence allemande sur le bassin du Chari et du Baghirmi, situés au-delà du 15° de longitude est, et qu’il devait assurer aux entreprises allemandes l’accès vers un des affluens navigables du Congo. « Ces revendications, ajoutait le Comité, constituaient le minimum de ce que l’Allemagne réclamait dans le règlement de la question du Cameroun. » La Société coloniale exprimait en même temps le désir que, si la France ne faisait pas droit aux demandes de l’Allemagne, mieux valait que le traité de délimitation fût ajourné à une époque ultérieure.

Pour ne pas fournir un prétexte à l’agitation des esprits, les pourparlers furent tenus secrets.

Aussi ne peut-on rien dire des phases par lesquelles les négociations ont passé, des échanges de vues qui sont intervenus ; mais ce qu’il nous est permis d’affirmer, c’est que les deux pays furent plusieurs fois amenés à se demander s’ils ne devaient pas rompre les négociations, et si, à défaut d’entente directe, on n’en serait pas réduit à aller devant un arbitre. L’entente finit cependant par se faire, et le 4 février 1894 les commissaires français et allemands signaient un protocole qui a mis fin aux questions litigieuses pendantes entre la France et l’Allemagne dans l’Afrique centrale.

Ce protocole détermine d’une manière définitive la sphère d’influence dans laquelle devra s’exercer l’action de l’Allemagne. D’une manière générale le 15° de longitude est de Greenwich est reconnu comme la frontière occidentale du Cameroun jusqu’à la rencontre du 10e parallèle, à l’exception d’une enclave sur la haute Bénoué, et des centres de Lamé et de Kunde avec une banlieue de 5 kilomètres laissés à la France. A l’ouest du 15° de longitude, une petite portion de territoire est par contre laissée à l’Allemagne, et lui donne accès sur la haute Sangha. A partir du point d’intersection du 15° de longitude et du 10e parallèle, la ligne frontière est formée par ce parallèle jusqu’à sa rencontre avec le cours du Chari, puis par le cours de ce fleuve jusqu’à son embouchure dans le lac Tchad. Le gouvernement français, dans la zone d’influence qu’il reconnaît ainsi à l’Allemagne, prend l’engagement de n’exercer aucune action politique, de ne faire aucune acquisition territoriale, de ne conclure aucun traité, de n’accepter aucun droit de souveraineté et de protectorat. Le