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(à 29 600 francs chaque) 593 millions, et les 7 000 hectares non bâtis pouvaient être évalués (sur la base de 4 fr. 50 le mètre) à 317 millions, soit un total de 910 millions, c’est-à-dire près de dix fois plus que, cent ans avant, pour la capitale des derniers Valois.

La valeur de celle de Louis XV s’élève à son tour à plus du triple de celle de Louis XIV : 2 milliards 900 millions, dont un milliard pour les 20 000 maisons (à raison de 40 000 francs chacune) qui se trouvaient dans les limites de l’octroi d’alors, et 1 900 millions pour les 6 760 hectares de terrain (à 28 francs le mètre).

En 1893 nos 83 000 maisons parisiennes atteignent le prix de 10 milliards 800 millions, et les 4 500 hectares de sol nu (à 130 francs le mètre) correspondent à une somme de 5 milliards 800 millions. C’est donc une valeur de 16 milliards et demi à 17 milliards que possède le Paris actuel, soit une hausse de 460 pour 100 depuis le XVIIIe siècle, de 1 700 pour 100 depuis le XVIIe siècle, et de 17 900 pour 100 depuis le XVIe siècle.

Et si l’on veut connaître la hausse positive, en tenant compte du pouvoir d’achat de l’argent aux diverses époques, si l’on calcule que les 92 millions du XVIe siècle équivalent à 322 millions de francs contemporains, que les 910 millions de francs du XVIIe siècle correspondent à 2 milliards d’aujourd’hui, et les 2 milliards 900 millions du XVIIIe siècle à 7 milliards 300 millions de francs de nos jours, on trouve que notre capitale de 1893 a encore deux fois et demie plus de prix que celle de Louis XVI, huit fois plus de prix que celle de Louis XIV, cinquante fois plus de prix que celle de Henri III.

Bien entendu cette différence est loin d’être tout entière un bénéfice ; elle représente en partie les frais de construction des maisons qui, d’une date à l’autre, s’élevaient dans le périmètre de nos fortifications ; pour une autre partie, — le sol des rues et des promenades, — elle représente un bénéfice collectif et idéal, puisque pratiquement il n’est pas réalisable. Mais pour le sol, appartenant aux particuliers, des maisons bâties ou à bâtir, la plus-value est purement gratuite. Elle n’est le résultat d’aucun effort de la part de ceux à qui elle a profité.

Dans l’espace des sept siècles que nous avons étudié, la propriété urbaine est, de toutes les formes de la richesse, celle qui s’est le plus développée depuis le moyen âge et depuis les temps modernes, parce que les maisons des villes, de Paris surtout, ont augmenté à la fois en nombre et en valeur. Les heureux détenteurs de ces parcelles du territoire national ont été exceptionnellement favorisés par le sort. La propriété rurale vient