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la réalité des faits. Autrement dit, je pense que la dose d’influence, exercée par chacun de ces prix particuliers sur le prix général qui les résume est à peu près ce qu’elle doit être.

Tout au bas de l’échelle nous trouvons à Vaugirard des terres en vignes qui valent sous Louis XIII un centime et moins d’un centime le mètre carré. Les prix varient de 6 à 11 centimes dans les faubourgs Saint-Jacques et Saint-Marcel. Ils montent à 16 centimes dans le faubourg du Roule, à 23 centimes aux alentours de Saint-Germain-des-Prés. Sous Henri IV pourtant, la reine Marguerite de Valois avait acheté, à raison de 17 centimes le mètre, dans la rue des Saint-Pères, plusieurs arpens de terrain de l’ancien Pré-aux-Clercs. Le terrain le plus cher qui nous soit passé sous les yeux — encore était-il garni d’un vieux bâtiment — est un lot de 250 mètres rue de la Harpe, dépendant du collège d’Mar-court, qui fut vendu sur le pied de 96 francs le mètre en 1639.

Hormis ce chiffre exceptionnel, nous n’en possédons aucun, au XVIIe siècle, qui dépasse 14 francs dans les meilleures rues du Marais et 8 à 9 francs dans le faubourg Saint-Germain, sous Louis XIV. Sous Henri IV les terrains en bordure des rues de Seine et Jacob se vendaient de 0 fr. 60 centimes à 4 francs, au maximum. Pour son jardin du Luxembourg la reine Marie de Médicis acheta, en 1613, huit hectares et demi qui lui revinrent à 9 centimes le mètre et, peu après, deux autres hectares, qui, cette fois, lui coûtèrent plus de 4 francs. Pour 75 000 francs, Anne d’Autriche acquérait, dix ans après, la surface nécessaire à l’abbaye du Val-de-Grâce, l’hôpital militaire d’aujourd’hui.

Le long de la rue du Bac on avait du terrain à 1 et 2 francs en 1640 ; en 1671 on en avait à 75 centimes entre les Tuileries et le Cours-la-Reine, dans les Champs-Elysées ; à 45 centimes faubourg du Roule, où il ne coûtait que lfi centimes cinquante ans auparavant ; mais, dans l’intervalle, on avait permis de construire le long du faubourg Saint-Honoré, et Paris se rapprochait. Au faubourg Montmartre, où l’on achetait des jardins à 53 centimes le mètre en 1630, on paie en 1690 le terrain de façade 3 fr. 90 cent.

Au coin du quai d’Orsay et de la rue du Bac, un chantier de 2 000 mètres carrés, dit « la Grenouillère », se vendait 27 francs le mètre sous la régence du duc d’Orléans, tandis qu’auprès de la rue de Sèvres on ne payait pas plus de 33 centimes. A la même époque, rue Saint-Honoré, près de la rue Royale, le terrain ne coûtait que li francs le mètre, — on en offrait 3 400 mètres à ce prix, — pendant qu’il se vendait 238 francs rue Saint-Christophe, près de Notre-Dame, où il ne s’agissait à vrai dire que d’une parcelle de 39 mètres.