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de la moyenne. Il en sera tout autrement au commencement du XVIIIe siècle : les loyers de 300 à 800 francs seront assez communs, même dans le centre, en plein quartier Vivienne, où la Bourse venait de s’installer. En 1716, une construction de la rue Saint-Louis, au Marais, ayant 28 mètres de façade, était offerte pour 730 francs, et sous le ministère de Fleury le loyer du collège Sainte-Barbe ne dépassait pas 1 420 francs.

La hausse que nous avons remarquée, pour la valeur des maisons, à la fin du règne de Louis XVI, se signale naturellement pour les loyers de la même époque. L’immeuble le meilleur marché que nous ayons relevé en 1788 est affermé 1 000 francs, et il est situé rue Saint-Nicolas-du-Chardonnet. À cette époque, un imprimeur paie 2800 francs rue Saint-Jacques ; sur les quais de Bourbon, d’Orléans et de l’Horloge, les baux vont de 1 500 à 3 000 francs ; ils montent à 12 000 francs rue du Bac, à 16 000 francs boulevard Poissonnière. L’hôtel de la comtesse de Gramont, rue de Bourbon Saint-Germain, est loué 6300 francs ; celui du baron de Talleyrand, rue de l’Université, 9400 francs. Il va de soi que les simples appartenons coûtent beaucoup moins : on a quatre pièces rue Saint-Anne, au troisième étage, pour 600 francs ; une antichambre, trois chambres et une salle, au deuxième, rue de Seine, pour 380 francs, et trois pièces, rue d’Orléans, au premier, pour 135 francs par an.

Quelque minimes que paraissent les chiffres de ces derniers loyers comparés aux chiffres actuels, la hausse des terrains, dans les 7800 hectares qui constituent la surface du Paris contemporain a été bien autrement importante que celle de la propriété bâtie. L’écart est pour le sol, beaucoup plus grand que pour les maisons entre les prix de nos jours et ceux des XVIIe et XVIIIe siècles, entre ces derniers aussi et ceux des âges antérieurs.

Au XVe siècle, le mètre carré, qui avait baissé depuis le moyen âge, ne valait plus, dans l’enceinte de nos fortifications, que 2 centimes et demi ; au XVIe siècle, il valait 0 fr.56 ; au XVIIe, il coûtera 4 fr. 50, et au XVIIIe, 28 francs. Je n’ai certes pas la prétention d’enseigner que ces moyennes, bien que tirées à la fois de la valeur et du revenu capitalisé de terrains diversement situés dans la capitale, doivent être acceptées comme l’expression d’une exactitude mathématique. Cependant la proportion dans laquelle figurent côte à côte les prix nombreux que j’ai recueillis, depuis ceux tirés des quartiers du centre, en pleine valeur, et des quartiers non bâtis qui les entourent, jusqu’à ceux de la banlieue de jadis, livrée alors à la grande culture, aujourd’hui comprise dans le périmètre parisien ; cette proportion, dis-je, est assez conforme à