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les détails nécessaires à les composer. M. Glasenapp est philologue aussi, professeur au gymnase de Riga, très versé dans la connaissance des langues indo-germaniques, et on lui doit des travaux intéressans sur l’art plastique chez les Grecs. Et en même temps M. Glasenapp est le « bénédictin » de la petite église de Bayreuth. Sa biographie de Wagner est un vrai monument du wagnérisme, le seul ouvrage de ce genre qui soit vraiment complet, et constamment appuyé sur de minutieuses recherches personnelles, sur un contrôle incessant, par tous les moyens possibles, de l’authenticité rigoureuse des faits qui y sont consignés. M. Glasenapp a d’ailleurs soin de se tenir constamment au courant des moindres choses inédites qu’on peut encore apprendre, de-ci, de-là, sur la vie de Wagner, pour en enrichir au fur et à mesure, si elles en valent la peine, son grand ouvrage qu’il a ainsi refondu deux fois déjà. On lui doit encore deux œuvres qui peuvent être très utiles à quiconque désire pouvoir trouver rapidement quelle fut la pensée de Wagner sur tel sujet donné, tel homme ou telle œuvre, dont il a pu parler dans ses écrits. Ce sont deux dictionnaires dans chacun desquels M. Glasenapp a reproduit et groupé alphabétiquement toutes les opinions de Wagner, qu’il a extraites textuellement et avec beaucoup de tact de ses écrits mêmes. Le premier, qu’il a fait on collaboration avec Henri de Stein, a pour titre : Lexique wagnérien ; c’est l’index des idées, des notions abstraites. Le second, qu’il vient de faire paraître récemment, s’intitule Encyclopédie wagnérienne ; c’est l’index des noms propres, des hommes et des œuvres. Nous avons eu jadis en ce genre des Esprit de M. de Voltaire.

Un écrivain wagnérien qui s’est longtemps contenté d’une collaboration trop rare à la Revue de Bayreuth, et que quelqu’un a appelé un jour « l’homme des bois » du parti wagnérien, mais dont l’autorité s’est vite imposée cependant, c’est M. Houston Stewart Chamberlain. Pénétré autant qu’Henri de Stein de « l’idée » wagnérienne, il connaît aussi bien que personne l’œuvre et la vie de Wagner et il cherche plus que personne à faire servir cette connaissance intime à mieux dégager l’idée, en la mettant tout d’abord plus vivement en lumière, et aussi en se conformant davantage au principe d’action qui est en elle. Anglais de naissance, M. Chamberlain, qui parle connue sa langue maternelle les langues française et allemande, écrit maintenant dans cette dernière langue, et c’est en allemand qu’il a fait paraître, il y a deux ans, son magistral ouvrage : Le Drame wagnérien, où, sans perdre de temps à des dithyrambes superflus sur la forme nouvelle de drame