Page:Revue des Deux Mondes - 1894 - tome 123.djvu/768

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
MARIE DE MÉDICIS
LES CONCINI ET L’ÉVÊQUE DE LUÇON

PREMIERE PARTIE[1]


I. — LA RÉGENCE DE MARIE DE MÉDICIS. — LES « BARBONS ». PREMIÈRE FAVEUR DES CONCINI.

Pour la seconde fois, une Médicis régnait sur la France. Henri IV, après avoir rompu son premier mariage avec une fille de France — cette Marguerite pleine de vices et pleine de charmes, dernière fleur de la race épuisée des Valois — avait, parmi les princesses européennes, choisi une nièce du duc de Toscane, dont l’âge et la santé lui promettaient des héritiers. En épousant la fille des Médicis, le chef de la dynastie des Bourbons ne dérogeait pas. La grand’mère de sa femme était une petite-fille de Charles-Quint. Ces heureux marchands florentins avaient ainsi, peu à peu, imposé l’autorité de l’or et du négoce à l’Europe militaire et féodale. Et pourtant, selon le mot du duc de Savoie, « ces femmes florentines, dans tous les États où elles se produisaient, apportaient la confusion et le mauvais gouvernement. »

Le mariage de Henri IV et de Marie de Médicis n’avait pas été heureux. Si le roi, amateur très renseigné, appréciait, dans sa femme, les formes opulentes et les carnations savoureuses qui devaient s’épanouir plus tard si glorieusement dans les toiles de Rubens, s’il lui était reconnaissant de sa sûre et régulière fécondité, il ne trouvait auprès d’elle ni la séduction sans cesse

  1. Voyez les études antérieures sur le Cardinal de Richelieu, dans la Revue des 1er juillet et 1er août 1889, 15 juillet et 1er août 1890, 1er octobre 1893.