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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 mai.


La quinzaine qui vient de s’écouler a été mauvaise. Le ministère Casimir-Perier a été renversé dans les conditions les plus imprévues : à force d’aller au feu, il a fini par être touché et, bien que la blessure ait été légère, il s’est brusquement retiré de l’arène. Quelques jours auparavant, M. Spuller rappelait, dans un discours prononcé en province, qu’en cinq mois d’existence le ministère avait eu à répondre à 25 questions et à 22 interpellations. À ce régime les plus vaillans et les meilleurs s’usent vite. La crise ministérielle a duré dix jours : elle a finalement ramené un cabinet Casimir-Perier sans M. Casimir-Perier, d’où il est permis de conclure que ce cabinet est le seul qui soit en rapport avec la situation parlementaire et avec l’état d’esprit du pays. Comme il arrive assez souvent, le ministère est tombé le lendemain d’un grand succès. On a pu voir, une fois encore, qu’il était plus facile de faire face à un danger annoncé d’avance et prévu qu’à un incident inopiné, même minime. Les radicaux, après tant d’échecs, avaient cru trouver l’occasion de prendre leur revanche. Un journal avait publié une lettre adressée confidentiellement parle nonce aux évêques, au sujet de l’application de la loi sur les fabriques. Les conseils de Mgr  Ferrata n’offraient rien d’incorrect en eux-mêmes, et l’intention qui les dictait était excellente. Le nonce n’avait oublié qu’une chose, à savoir qu’il est un agent diplomatique, et que, représentant du Saint-Siège à Paris, accrédité auprès du gouvernement de la République, il ne peut et ne doit avoir de rapports directs qu’avec le ministre des Affaires étrangères. Jamais, sous aucun de nos gouvernemens antérieurs, une intervention du nonce auprès des évêques n’a été tolérée. On a dit à la tri-