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LES SALONS DE 1894

I.
LA PEINTURE

Les deux Salons qui viennent de s’ouvrir ne sont ni pires, ni meilleurs que les précédens, peut-être même sont-ils meilleurs, parce qu’on y sent partout quelque hésitation à se laisser duper plus longtemps par le verbiage littéraire et les puériles séductions des procédés bizarres. Au Champ de Mars, il est vrai, plusieurs chefs d’école faiblissent visiblement, mais un assez grand nombre de jeunes gens, faisant effort pour sortir des déliquescences et des vapeurs, commencent à y préciser, par les vieilles et bonnes méthodes, par l’étude de la forme et des dessous, le sens de leurs recherches mieux dirigées. Aux Champs-Elysées, les maîtres de la génération précédente se tiennent, presque tous, debout et fermes, prêchant d’exemple et sonnant le rappel, et, autour d’eux, se rassurent, de plus en plus, les bien intentionnés ; et, si l’on y remarque, plus que là-bas, des études sèches et laborieuses, d’une tournure banale et scolaire, on y constate aussi le fruit de ces études dans la variété, dans la simplicité, parfois dans la portée d’un certain nombre d’œuvres consciencieusement achevées ; c’est, d’ailleurs, aux Champs-Elysées que semblent se réfugier, sauf exception, avec l’art historique et monumental, le goût des compositions réfléchies et le souci de la bonne exécution. Les promenades, dans les deux endroits, ne sont donc point fâcheuses pour quelqu’un qui s’intéresse à toutes ces recherches amusantes de l’expression par la couleur, la lumière et la forme qui sont la