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trace des lettres, des dessins quelconques avec l’un des styles, l’autre, répétant les mouvemens du premier, tracera les mêmes lettres, les mêmes dessins. Tel qu’il est disposé, cet ingénieux instrument se prêterait fort bien aux communications urbaines ; certains changemens seraient sans doute nécessaires pour les transmissions à longue distance.

Tous les jours le nombre augmente des besognes très diverses que les Américains demandent à l’électricité d’accomplir. Non seulement elle règle la ventilation des appartemens et la marche des ascenseurs, dont la vitesse atteint jusqu’à trois mètres par seconde, au lieu de trente ou quarante centimètres, comme chez nous ; on l’utilise également, au moyen d’un courant intense produit par transformateur, à souder les rais d’une roue, la pointe d’un obus, les rails d’un chemin de fer, et dans ce dernier cas un wagon porte la machine à souder le long de la voie. Cette soudure des rails offre l’avantage de supprimer les secousses qui se renouvellent à chaque passage d’un rail au suivant ; les expériences faites jusqu’ici semblent prouver qu’une ligne continue peut supporter sans inconvéniens les modifications amenées par les variations de la température atmosphérique. C’est encore l’électricité dont les multiples services remédient, pour une bonne part, à la cherté de la main-d’œuvre et à la rareté des domestiques, en permettant de substituer la machine-outil à l’homme dans les travaux de la petite industrie, et même dans les soins du ménage. Elle taille les habits, fait la cuisine, et au besoin cire les bottes. On l’emploie aussi à lancer par projection sur les nuages ces mirifiques réclames, dont les Américains ont le secret. À quoi ne l’emploie-t-on pas ? Franklin « ravissait la foudre au ciel », pour en préserver les humains à l’aide du paratonnerre. Ses descendans font de l’électricité un tonnerre légal, assez maladroit d’ailleurs, foudroyant les criminels sur mandat de justice.

Le congrès de Chicago, voulant reconnaître l’importante contribution apportée par les États-Unis au progrès de l’électricité, a choisi le nom d’un vétéran de la science américaine pour désigner le coefficient d’induction. Joseph Henry a eu de dignes successeurs : citons entre autres M. Hall, récemment nommé professeur de physique à l’université Harvard pour avoir découvert un phénomène électro-magnétique qui présente sous un jour nouveau les rapports de l’électricité avec la matière.


II

Ce qui est vrai de l’électricité aux États-Unis, s’applique également à la mécanique : les mêmes conditions générales