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LES
THÉORIES NOUVELLES
DE LA CROYANCE

I. Spencer et Harrison, On Agnosticism. — II. William James, Principles of Psychology. — III. Paulhan, le Nouveau mysticisme. — IV. De Roberty. L’Agnosticisme; l’Inconnaissable, sa métaphysique et sa psychologie. — V. Secrétan, la Civilisation et la Croyance. — VI. E.-R. Clay, l’Alternative.

Personne aujourd’hui ne conteste plus aux sciences de la nature leur entière indépendance. Elles n’ont à se préoccuper, dans leur recherche de la vérité, que de la vérité seule. Les résultats qu’elles établissent sont-ils fâcheux pour des croyances généralement reçues, elles ne s’en inquiètent pas. Elles passent outre, en protestant que ce n’est pas là leur affaire. Ainsi, la géologie a établi que l’homme existe au moins depuis l’époque quaternaire. L’Écriture sainte ne lui attribuait pas, semble-t-il, une antiquité aussi reculée. Néanmoins les croyans ne se bornent plus à objecter aux géologues le texte de la Genèse. On cherche une conciliation : et, dans cette recherche, au lieu de plier comme jadis la science à la tradition sacrée, on essaie plutôt d’interpréter le texte religieux dans le sens de la science. De même, l’hypothèse de Darwin sur l’origine des espèces a heurté de front la croyance religieuse. Néanmoins, c’est surtout par des argumens scientifiques et par des faits que les adversaires du transformisme l’ont combattu. Bien peu lui ont objecté qu’étant contraire au dogme, il ne pouvait donc être que faux. En un mot, les sciences de la nature sont aujourd’hui maîtresses chez elles. Tant qu’une hypothèse n’est pas suffisamment vérifiée, libre à chacun de la rejeter et d’en établir