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n’a pas encore d’atelier à elle. Il est fait honneur à ses bons soit par l’atelier de la rue Salneuve, soit par celui de la rue Fessart. Elle se propose d’en ouvrir un où les hommes seront encore employés à la confection des margotins. Mais n’y aurait-il pas une occupation plus lucrative à offrir aux travailleurs de bonne volonté? Une autre société l’a pensé et a fait une tentative très intéressante pour résoudre par un procédé différent la question de l’assistance par le travail.

Parmi les lecteurs de la Revue, personne assurément n’a oublié les pages que mon regretté confrère Maxime du Camp a consacrées (les pages de Maxime du Camp ne s’oublient pas) à l’œuvre de l’Hospitalité du travail, qui était située alors rue d’Auteuil et qui a été à Paris la première application de l’idée de l’assistance par le travail pour les femmes[1]. Cette œuvre en était encore à ses débuts ; sa situation était difficile, son avenir incertain. Combien il serait heureux, lui qui avait pris à cette création nouvelle de la charité un si grand intérêt, s’il pouvait la voir aujourd’hui installée au numéro 52 de l’avenue de Versailles, aménagée de façon à pouvoir employer aux travaux de blanchisserie plus de 3 000 femmes par an, et, grâce à cette industrie rémunératrice, sûre de son avenir! Il aurait le droit de se dire qu’il est pour quelque chose dans cette prospérité, car la notoriété que son article a valu à l’Hospitalité du travail a été pour beaucoup dans certaines donations généreuses qui ont facilité le nouvel établissement de l’œuvre. Maxime du Camp était coutumier de ces bienfaits indirects. Ce n’est cependant pas de l’Hospitalité du travail pour les femmes que je voudrais parler. Je ne pourrais |que redire ce que Maxime du Camp a déjà dit, et je le dirais beaucoup moins bien. C’est d’une œuvre et d’une maison annexe qui en forment le complément et qui font aujourd’hui de l’ensemble de ces bâtimens de l’avenue de Versailles un des spécimens les plus complets de ce que peut créer à Paris la charité ingénieuse.

A qui est venue la pensée de doubler l’Hospitalité du travail pour les femmes d’une Hospitalité du travail pour les hommes? Est-ce à la femme véritablement éminente que Maxime du Camp a déjà fait connaître aux lecteurs de la Revue et dont on peut dire sans exagération qu’elle joint au génie de la charité celui de l’industrie ? Est-ce à M. Lefébure dont, au moment de la crise que traversait l’Hospitalité du travail, l’active intervention a contribué si efficacement à la reconstitution de l’œuvre et à la création de cette blanchisserie où elle a trouvé son salut? La question ne pourra jamais être tranchée, car interrogés séparément, la sœur

  1. V. la Revue du 1er avril 1884 et du 15 janvier 1888.