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L’ASSISTANCE PAR LE TRAVAIL

II.[1]
COMMENT FAIRE LA CHARITÉ ?

Dans une précédente étude je me suis laissé entraîner à esquisser rapidement un plan d’organisation de la charité publique. D’après ce plan, l’Assistance publique deviendrait un service vraiment national, non pas centralisé et bureaucratiquement dirigé de Paris, comme l’administration de l’enregistrement ou celle des douanes, mais ayant au contraire son indépendance locale et son autonomie, faisant appel au concours bénévole de tous les citoyens qui seraient disposés à y prendre part, tirant en principe ses ressources de sa fortune personnelle telle qu’elle est actuellement constituée et des contributions volontaires qui lui seraient apportées, mais ayant en cas d’insuffisance le droit de faire appel, avec certaines garanties, à un impôt communal. Pareille organisation ne saurait fonctionner (et je ne méconnais pas la force de l’objection) qu’au sein d’une France un peu idéale et sous un régime où aucun citoyen ne se verrait frappé d’ostracisme à raison de ses opinions politiques ou religieuses. Mais c’est là un rêve dont il n’est pas défendu de poursuivre la réalisation. Aux objections que ce système a soulevées, si je voulais répondre, j’essayerais de le faire en montrant, d’après la dernière statistique des bureaux de bienfaisance, combien leur répartition sur la surface du territoire est capricieuse, combien leur fortune est inégale, et je demanderais si vraiment ce ne serait pas faire œuvre rationnelle que de porter remède à ces caprices et à ces inégalités. Quant

  1. Voyez la Revue du 1er  mars.