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physique ; qu’il nous suffise, pour aujourd’hui, d’indiquer incidemment ce principe.


VIII

Tandis que l’optique prenait, sous l’impulsion de Fresnel, un magnifique essor, les théories mécaniques dont dépend la solution des problèmes soulevés par l’optique se développaient rapidement, grâce à Navier, à Poisson, à Cauchy ; les idées de Fresnel, Cauchy nous en a laissé le témoignage, n’étaient pas étrangères à ce développement ; arrêtons-nous un instant à l’une des plus saillantes parmi ces belles découvertes, à la découverte des lois générales qui président à la propagation des petits mouvemens ; elle est, en entier, l’œuvre de Poisson, dont elle suffirait à immortaliser le nom, aussi bien auprès des physiciens qu’auprès des géomètres.

Quel que soit le milieu, fluide ou solide, que l’on étudie, quel que soit le petit mouvement qui a son siège dans ce milieu, ce petit mouvement peut toujours être décomposé en deux autres ; par le premier, chaque élément de volume du milieu se déplace dans une certaine direction, se déforme ; mais il ne tourne pas sur lui-même ; ce premier mouvement est un mouvement sans rotation ; par le second, au contraire, chaque élément du système change de forme, se transporte dans une certaine direction, tourne sur lui-même ; mais le changement de forme qu’il éprouve laisse son volume invariable ; c’est un mouvement sans condensation ni expansion, sans changement de densité. Lorsque le mouvement est engendré et entretenu dans le milieu par une source très petite et agissant de même en tout sens, le premier mouvement est, en chaque point du milieu, une oscillation rectiligne dirigée suivant le rayon qui joint la source à ce point ; c’est un mouvement longitudinal ; le second, au contraire, fait décrire à chaque particule du milieu une ligne, droite ou courbe, située dans le plan normal au rayon joignant la source à la position d’équilibre de la particule ; c’est un mouvement transversal. Une corde tendue montre aisément ces deux sortes de mouvemens ; attaquée par l’archet du violoniste, frappée par le marteau ou pincée entre les doigts, elle ondule sans qu’aucune de ses parties se distende ou se contracte et rend un son qui est dû à ses vibrations transversales ; frottée, dans le sens de sa longueur, entre le pouce et l’index enduits de colophane, elle demeure rectiligne, mais ses diverses parties s’allongent et se contractent alternativement ; elle est animée de vibrations longitudinales qui produisent