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réguliers, les ventres et les nœuds ; les ventres, où les particules gazeuses, sans changer de densité, subissent l’agitation la plus violente ; les nœuds, où, sans changer de place, elles éprouvent les plus fortes compressions et les plus fortes détentes ; d’un ventre à un nœud, pour un même son, la distance est toujours la même ; elle est égale au quart de la longueur d’onde, c’est-à-dire du chemin que le son parcourt pendant la durée d’une vibration.

De même, le long d’un rayon lumineux, nous trouverons alternativement un ventre, puis un nœud, de l’éther vibrant ; d’un ventre à un nœud, la distance sera constante ; ce sera le quart de la longueur d’onde de la lumière considérée ; cette distance va jouer, dans la nouvelle théorie, le rôle que Newton attribuait à la distance entre un accès de facile réflexion et un accès de facile transmission.

Ces idées, Euler les avait déjà entrevues ; il était réservé à Thomas Young de les poser nettement et de les confirmer par une expérience saisissante.

Suivons un rayon de lumière ; les nœuds successifs le partagent en segmens, tous égaux, dont la longueur est la moitié d’une longueur d’onde ; chacun de ces segmens est ce qu’on nomme une concamération ; aux points correspondans de deux concamérations successives, le mouvement a, à chaque instant, la même vitesse, mais il n’a pas le même sens ; si, à un instant donné, en un point d’une concamération, le mouvement est dirigé de gauche à droite, au point correspondant de la concamération suivante, il est, au même instant, dirigé de droite à gauche.

Imaginons maintenant que l’on superpose deux rayons de lumière suivant la même ligne, et cela de manière que les nœuds de l’un correspondent aux nœuds de l’autre ; la vitesse dont sera alors animée chaque particule d’éther s’obtiendra en composant entre elles la vitesse que lui communiquerait le premier rayon et la vitesse que lui communiquerait le second rayon. Dès lors, si les deux rayons ont été superposés de manière à amener en coïncidence les concamérations en lesquelles le mouvement de l’éther a lieu, en même temps, dans le même sens, la vitesse de chaque molécule d’éther se trouvera doublée, sa force vive quadruplée, et l’ensemble des deux rayons sera quatre fois plus lumineux que ne l’était chacun d’eux. Mais si les deux rayons ont été superposés de manière à amener en coïncidence les concamérations discordantes, la vitesse qu’aurait une molécule d’éther dans le premier rayon sera exactement détruite par la vitesse qu’aurait la même molécule dans le second rayon, en sorte que la superposition des deux rayons ramènera l’éther au repos ; au lieu d’un rayon de lu-