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SENEFFE
1674[1]


I. — LE CAMP DU PIÉTON. LES ARMÉES EN CONTACT (10 AOÛT).

... Le camp des Estinnes, occupé par ordre, était trop en arrière et ne convenait en aucune façon ; M. le Prince le quitta, le 23 juillet ; marchant sur quatre colonnes, il vint s’arrêter à 11 kilomètres de Charleroy. L’armée se déploya face à l’est, sur un mamelon en dos d’âne, légèrement accentué, large de 1800 mètres environ, enveloppé au nord, à l’ouest et à l’est par deux ruisseaux en forme de boucle, et se perdant au sud dans le bois de Marche, dont les lieux dits (Coron-les-Bois, etc.) conservent le souvenir. Devant la gauche, le bourg et le château de Trazegnies ; derrière la droite, le village de Piéton, — un nom devenu légendaire. La forme et la dimension du terrain permettaient de varier les évolutions tactiques, à l’abri d’une ligne tenaillée, à intervalles, qui fut rapidement construite et armée d’artillerie. Comme le camp occupait le centre du massif, une large fausse-braie régnait entre le retranchement et les ruisseaux, rendant ainsi la position inexpugnable. Le voisinage de Charleroy et de la Sambre assure les approvisionnemens de tout genre. Au point de vue stratégique, les avantages n’étaient pas moindres. Qu’on jette les yeux sur la carte, qu’on y cherche le ruisseau et le village dont le camp du Piéton a gardé le nom ; on y verra M. le Prince en mesure de tendre la main aux détachemens ralliés, aux convois, aux renforts, inquiétant les ennemis partout, menaçant toutes leurs lignes d’opérations. De quelque côté que survienne le péril ou que s’ouvre la chance, M. le Prince est prêt....

Bientôt les événemens se précipitent; les troupes détachées

  1. Extrait de l’Histoire des Princes de la maison de Condé.