Page:Revue des Deux Mondes - 1894 - tome 122.djvu/909

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui l'ont précédée ; mais elle laisse de côté les exagérations toujours inutiles et souvent dangereuses, rejette tous les engins bizarres auxquels on attribue faussement le pouvoir de suppléer au savoir-faire du cavalier, réduit au minimum possible le nombre des instrumens dont se sert le dresseur, et est, je crois, plus qu'aucune autre, à la portée de tous. C'est celle qui est actuellement suivie, — sauf pour l'emploi de la longe dans la préparation aux sauts d'obstacles, — à l'École d'équitation d'Ypres, que l'on peut considérer comme le conservatoire de notre belle équitation française. Cette Ecole, en publiant le Traité de dressage des chevaux de troupe adopté officiellement dans l'armée belge, m'a fait le très grand honneur de reproduire de nombreux passages de mes livres, notamment sur l'accord des aides, l'équilibre équestre, les principes tirés de la locomotion, les préliminaires du dressage, la position du cavalier à cheval, l'emploi de l'éperon, le travail à l'extérieur, le trot enlevé, la tenue des rênes, la mise en main, le travail au galop et les sauts d'obstacles. Il est facile de se rendre compte des excellens résultats qu'on obtient à Ypres, où l'instruction des cavaliers et le dressage des chevaux sont supérieurs à ce que j'ai vu partout ailleurs ; où les chevaux les plus rétifs sont promptement dressés et assouplis au point de ne plus présenter la moindre résistance, et cela sans avoir jamais recours à la brutalité.

Je terminerai en répétant une fois encore que l'équitation n'est pas une science, comme plusieurs auteurs l'ont dit, mais un art. Assurément cet art, comme tous les autres, repose sur des connaissances scientifiques plus ou moins certaines, physiologiques, anatomiques, mécaniques, etc., et sur la tradition ; mais l'équitation elle-même ne saurait être une science, par cette raison qu'il est impossible de dire exactement : Dans tel cas vous ferez ceci ou cela. En matière de dressage, on ne peut poser de règles que pour le début, qui est, il est vrai, la partie la plus importante ; une fois le cheval en bonne voie, il faut laisser l'application des principes à l'appréciation des cavaliers. Chacun obtiendra des résultats plus ou moins brillans en apportant dans l'exécution son sentiment et son habileté d'artiste.


F. MUSANY.