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travail à pied, à la cravache : assouplissement de l’encolure et de la mâchoire ; assouplissement de la croupe par les pirouettes renversées et des épaules par les pirouettes ordinaires ; assouplissement du rein par le reculer, exercices au pas d’une et de deux pistes ; rassembler de pied ferme, puis au pas et au petit trot ; passage, piaffer. Puis le cavalier monte à cheval et recommence la même série d’assouplissemens, d’abord en place, puis en marche.

Le comte Raoul de Gontaut-Biron, ancien écuyer à San mur, publia dernièrement un livre intitulé : Travail à la longe et dressage à l’obstacle. Il recommande l’usage de la longe au début du dressage, l’emploie très fréquemment pendant de longues séances et dit s’en trouver bien ; il s’en sert également pour le dressage à l’obstacle, ainsi qu’on fait généralement aujourd’hui. Il étudie longuement le mécanisme du saut, prétend que le cheval, pour sauter, commence par retirer la tête et l’encolure sur le tronc pour décharger l’avant-main, puis allonge l’encolure pendant que l’arrière-main passe l’obstacle et au moment où les membres antérieurs prennent terre. C’est exactement le contraire qui a lieu, ainsi que le prouvent les nombreuses photographies instantanées de Del ton et celles de chevaux sautant en liberté que le capitaine Picard a réunies dans son bel Album d’hippiatrique et d’équitation de l’Ecole de cavalerie. Ainsi les indications données pour l’emploi des aides dans le livre du comté de Gontaut-Biron sont complètement fausses.

A l’Ecole de Saumur, où l’on pratique l’équitation avec beaucoup de vigueur et de goût, renseignement équestre a toujours péché, comme je l’ai dit, par le manque d’unité. Chaque écuyer en chef a successivement fait prévaloir ses idées, de sorte que les élèves et même les écuyers en sont arrivés à n’avoir plus guère de confiance dans toutes ces théories diverses et prétendent que tout s’apprend bien mieux par la seule pratique. La méthode qui, actuellement, est le plus en honneur à l’Ecole de cavalerie, sans toutefois être officiellement adoptée, est celle du commandant Duthil, ancien écuyer en chef de l’Ecole. Le capitaine Sieyès l’a rédigée avec beaucoup de soin sous le titre : Dressage du cheval de guerre et du cheval de chasse. Ce livre fourmille d’erreurs sur le mécanisme des allures. L’auteur dit que les aides « sont un langage qu’il faut arriver à faire comprendre au cheval » et prescrit en conséquence de lui infliger des punitions s’il n’écoute pas ; il rejette les flexions, reconnaissant que le jeune cheval n’a nullement besoin d’être assoupli au début ; il ne fait ces assouplissemens que plus tard et. toujours en marchant ; mais il insiste