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ne doit pas « être retiré dessous vers la poitrine », l’encolure doit rester haute, mais légèrement arrondie au sommet ; la décontraction de cette partie du corps indique la décontraction générale, donne de la légèreté aux mouvemens et permet à l’animal de faire sans fatigue une plus longue route.

Grison dit qu’on doit commencer le dressage quand le cheval a atteint l’âge de trois ans ou trois ans et demi ; qu’on pourrait le commencer dès qu’il aurait passé les deux ans, mais qu’il vaut mieux attendre jusqu’à trois ans et qu’il n’y a cheval qui, en suivant les règles et les ordonnances, qu’il donne, ne puisse être complètement dressé en quatre ou six mois au plus, qu’il y a cependant des chevaux de certaines races qui sont tardifs et, bien qu’ils sachent toutes les règles et ordonnances, toutefois ne feront démonstration ni de force, ni de valeur, ni de bonté avant l’âge de cinq ou six ans. Ceci ne montre-t-il pas que, malgré l’opinion de beaucoup d’anciens écuyers qui ont voulu qu’on ne commençât le dressage qu’après cinq, six et même sept ans, les chevaux de cette époque étaient aussi précoces que ceux d’aujourd’hui ? Nos chevaux actuels, même ceux de pur-sang, — dont la dentition n’est pas achevée avant celle des chevaux les plus communs, — ne devraient pas être montés avant l’âge de trois ans et ne devraient courir que plus tard. Les tares de toutes sortes dont sont couverts tous ceux qui sortent de l’entraînement en sont une preuve irréfutable.

Les deux premiers livres de l’ouvrage de F. Grison sont excellens pour une époque où il n’y avait pas encore de manèges, et l’on ne pouvait certainement donner alors un enseignement plus sage et plus pratique ; mais ensuite il entre dans toutes sortes de détails sur les différens mors qui conviennent selon les résistances multiples que présentent les chevaux. On trouve à la fin du volume 51 planches représentant autant de mors différens et très compliqués alors en usage. Les successeurs de Grisou, continuant les mêmes erremens, ont encore enrichi la collection d’un grand nombre d’engins nouveaux auxquels ils attribuèrent des vertus spéciales.

Pour tous les désordres auxquels peuvent se livrer les chevaux rétifs, Grisou est sans pitié. Il est persuadé que l’animal agit avec intention et il veut qu’on le châtie avec la dernière rigueur, qu’on redouble les coups d’éperons, qu’on lui fasse démonstration d’une grande férocité avec voix haute et cris horribles, le menaçant et le battant d’un bâton entre les oreilles et de tous les deux côtés de la tête, et plus du côté où il volte plus volontiers, lui tirant et secouant la bride, sans lui donner de repos jusqu’à ce qu’il soit vaincu. S’il est rétif par manque de cœur, on le