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plaisamment, toujours le mignardant pendant quelque temps, » puis on l’arrêtera sans lui laisser faire aucun mouvement, le caressant souvent en lui passant la main sur le col ; on le fera marcher en avant deux ou trois petits pas, tout doucement ; on arrêtera de nouveau et aussitôt après on commencera à le faire travailler en lui faisant faire tout doucement six voltes, deux à droite, deux à gauche, et deux autres à droite.

« S’il arrive que le cheval ne veuille pas approcher du montoir, alors il faut lui donner du bâton entre les oreilles et sur la tête (mais gardez les yeux) et sur tous les endroits de son corps où il vous viendra mieux à propos ; et par ce moyen, si malin soit-il ou si incorrigible, il le faudra châtier et encore, le menaçant avec voix rude et terrible, de sorte qu’il deviendra doux au montoir comme un agneau ; mais aussi faudra-t-il le mignarder et caresser toutes les fois qu’il s’y rendra de son gré et fera ce que vous voudrez…

Il faut que vous le chevauchiez et demeuriez sur lui, non seulement avec grand courage et sans aucune crainte de lui, mais encore avec cette opinion que lui et vous n’êtes qu’un corps et n’avez qu’une volonté…

Jusqu’à ce que le cheval soit en état de porter la bride, il lui sera plus commode de n’être monté qu’avec la bardelle. Quand le temps sera venu de lui mettre la selle, il faudra la placer plus sur le devant que sur le derrière, car ainsi elle ne fera pas seulement le cheval plus beau et joli, mais encore plus aisé. »

Quand le cheval sera bien assuré, vous le mènerez au trot par la campagne, dans une terre fraîchement labourée ; vous le ferez travailler en cercle, puis avant de descendre vous lui ferez faire environ trois petits pas en arrière, puis tout doucement le ramènerez où il était et l’arrêterez ; mais s’il se met en défense, ne le forcez pas, car il s’en retirera bien avec le temps et par le moyen des instructions qui suivront.

Ensuite on continuera les voltes au pas et au trot, en en faisant faire une de plus chaque jour « ijusques à ce que vous arriviés aux unze voltes et demie ». Pendant ces voltes il faut se servir de la jambe opposée, c’est-à-dire de la jambe droite pendant que le cheval tourne à gauche et vice versa. Si le cheval n’est pas assez gaillard, prompt et éveillé, on le stimulera avec la voix, l’appel de langue, et on lui fera sentir les deux talons. On commencera aussi dès maintenant à se servir des éperons comme aides, soit pendant les voltes, soit en allant en trot, « car si l’on attend que les chevaux soient dressés et devenus puissans et forts en sage, ils résistent souvent à l’éperon, deviennent rétifs et rebelles. »