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Chaque couleur correspond à une couche lumineuse d’une épaisseur variable. Le tableau qui suit donne les longueurs d’onde, c’est-à-dire l’épaisseur des couches formées par les diverses couleurs simples :


Rouge 620 millionièmes de millimètre.
Orangé 583 — —
Jaune 551 — —
Vert 512 — —
Bleu 475 — —
Indigo 440 — —
Violet 423 — —

On voit que le rouge correspond aux notes graves de l’échelle musicale et le violet aux notes aiguës.

Si l’on veut se faire une idée de l’épaisseur des couches correspondant aux différentes couleurs, on peut prendre comme terme de comparaison une feuille de papier ordinaire, qui a environ 1/10 de millimètre d’épaisseur. En superposant des feuilles de violet, il en faudrait 240 pour arriver à l’épaisseur de cette feuille de papier. Si l’unité de feuilles était du rouge, on pourrait faire un volume de 100 pages pour arriver à l’épaisseur de ce même papier !

Comment expliquer maintenant la cause des couleurs complexes, non plus celles du spectre qui sont simples, mais celles des corps naturels ? On peut encore avoir recours aux propriétés des mouvemens vibratoires, car ces mouvemens, comme dans les phénomènes sonores, peuvent se superposer. Ainsi, quand une corde est tendue sur une caisse sonore, comme la corde d’un violoncelle, on peut la faire vibrer tout entière ; ses deux extrémités seront immobiles, tandis que le milieu vibrera avec l’amplitude maxima. Les extrémités immobiles s’appellent des nœuds ; le milieu est un ventre. Mais on peut aussi attaquer cette corde avec l’archet, de façon que, tout en vibrant dans son ensemble, les deux moitiés de la corde vibrent chacune pour son propre compte, suivant une loi de vibration individuelle. Dans ces conditions, on réalise une superposition de deux mouvemens vibratoires ; celui de la corde entière et celui des deux moitiés vibrant isolément. Il en résulte un son complexe formé du son fondamental et de l’harmonique superposé. C’est cette superposition qui donne à l’oreille les sensations du timbre des différens sons. Le phonographe, que tout le monde connaît aujourd’hui, est fondé sur ce principe. Les vibrations d’une seule membrane peuvent reproduire plusieurs mouvemens vibratoires superposés et enregistrer ainsi la parole humaine.

La plupart des couleurs complexes, telles que le rose, le