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trices et trophiques, tandis que les postérieures sont plus particulièrement en rapport avec la sensibilité : que les cordons antérieurs et latéraux conduisent surtout l’influx moteur, tandis que les cordons postérieurs sont affectés à la conduction des sensations. Certaines combinaisons de troubles fonctionnels ne peuvent donc être produites que par des lésions complexes de la moelle : c’est cette notion qui a conduit Charcot à la découverte de la sclérose latérale amyotrophique qui atteint tout le système moteur, cellules et fibres, chez des malades atteints de troubles moteurs et de troubles trophiques. Cette combinaison, dont l’histoire est intéressante à plus d’un titre, porte le nom de « maladie de Charcot ».

En connexion avec la question des localisations, Charcot a encore éclairé plusieurs points importans de la pathologie médullaire. Il faut signaler en particulier les troubles trophiques des articulations : ses descriptions des arthropathies des ataxiques sont restées classiques, les Anglais leur donnent le nom de Charcot’s joint disease.

Les fonctions des différentes parties du cerveau sont restées, jusque dans ces dernières années au moins, aussi obscures que celles des diverses structures de la moelle. Jusqu’à la découverte par Broca de la localisation des troubles du langage articulé, on considérait le cerveau comme une masse dont toutes les parties concouraient à toutes les fonctions dévolues à l’ensemble de l’organe. Mais même après la découverte de Broca on doutait si la substance grise de l’écorce et la substance blanche centrale avaient des fonctions propres dans les différentes régions du cerveau. L’inexcitabilité de l’écorce du cerveau était établie à l’état de dogme depuis Flourens. La physiologie expérimentale n’a démontré cette excitabilité, et une excitabilité spéciale suivant la région, que depuis moins d’un quart de siècle. Quant aux localisations dans l’écorce cérébrale chez l’homme, c’est Charcot qui a eu la plus grande part dans leur démonstration, qu’il a réalisée en grande partie à l’aide de faits personnels recueillis à la Salpêtrière et aussi à l’aide des observations et des pièces anatomiques qu’il savait attirer à la Société anatomique dont il était le président. Il démontra qu’il existe chez l’homme des régions de l’écorce du cerveau qui commandent les mouvemens localisés à un membre ou à un groupe de muscles du côté opposé du corps ; que, lorsque ces régions sont détruites, il en résulte une paralysie de ce membre ou de ces muscles, ou que, lorsqu’elles sont irritées par des lésions pathologiques, il s’ensuit des mouvemens convulsifs des mêmes parties. Il a donné en outre nombre de faits propres à démontrer que lorsque les fibres blanches qui descendent du