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REVUE. — CHRONIQUE.

aux prévisions budgétaires. C’est dans ces tristes conditions que le cabinet Rhallys-Sotiropoulo s’est présenté devant la Chambre, aussi tard qu’il l’a pu ; trop tôt encore, au gré de ses rares partisans, puisqu’il a été immédiatement renversé, quoiqu’il ne fût pas responsable de la situation actuelle, n’ayant pris le pouvoir qu’au mois de mai dernier. Il a cédé la place à M. Tricoupis, lequel a constitué son cinquième ministère et rédigé son dixième programme réparateur.

Évalué en monnaie fiduciaire, qui perd actuellement plus de moitié de sa valeur, le budget des recettes de la Grèce s’élève à 100 millions de francs environ ; les services publics, y compris l’armée et la marine, exigent une dépense de 60 millions : il resterait donc une quarantaine de millions pour le service de la dette ; mais quelle modification apporterait à ces chiffres une abolition du cours forcé ? M. Tricoupis, en revenant aux affaires, se trouve en présence de difficultés plus grandes que jamais ; malheureusement la responsabilité lui en incombe pour une large part, le fâcheux état où se trouve la Grèce résultant des actes de mauvaise administration qui ont signalé les dix dernières années.

Vte G. D’AVENEL.

LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE


Deux faits ont agi dans les premiers jours de décembre sur l’allure générale du marché financier : l’ajournement de la conversion et l’exécution d’un gros spéculateur. La crise ministérielle d’où est sorti le cabinet Casimir Perier n’a plus permis de considérer comme possible la conversion en décembre. M. Peytral avait sans doute ses idées arrêtées sur l’opération ; M. Burdeau en a d’autres très probablement. L’ajournement a eu pour conséquence l’arrêt des arbitrages auxquels se livraient quelques spéculateurs entre les deux fonds 3 pour 100 et 4 1/2. L’exécution du gros spéculateur a produit de la hausse sur quelques fonds étrangers, comme la rente italienne et l’Extérieure d’Espagne.

Le 5 pour 100 italien est en reprise continue depuis le cours de 78,50. Il a valu ces jours-ci 83,25. La situation financière ne s’est cependant pas modifiée, et la démission de M. Giolitti a ouvert une longue crise ministérielle. Mais les rachats des derniers vendeurs ont relevé les cours sans que la politique fût pour beaucoup dans ce résultat. Des ventes à découvert avaient été effectuées en Italie même sur la perspective d’un ministère Crispi. Aujourd’hui c’est ce même ministère qu’invoquent les haussiers comme motif de reprise. On ne parle