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légèrement augmentée, mais jamais elle n’a atteint six hectolitres comme le prétendaient les orateurs du syndicat. Il est d’ailleurs toujours tenu compte des différences. On admet assez couramment qu’une équipe de quatre ouvriers avec un « hercheur » ou chargeur et un apprenti peut fournir, suivant la puissance de la veine, de 40 à 60 berlines par jour. Le « hercheur » est payé sur la masse 3, 4 ou 5 francs par jour suivant les conventions faites avec le chef de coupe. Que les hommes de la veine reçoivent peu ou beaucoup, son salaire est fixe et régulier. L’apprenti reçoit, suivant son âge, 1 ou 2 francs de moins que l’ouvrier. Pour devenir ouvrier à la veine il faut avoir été au moins un an « hercheur » puis apprenti. L’apprentissage consiste surtout à dégager le charbon du dessus et du dessous des terres et pierres qui s’y trouvent mêlées ; c’est le travail de la « rivelaine » ; à percer de côté les trous pour faire jouer les mines et en dernier lieu à apprendre à « boiser ». Le « boisage » est une opération importante qui consiste à soutenir par des bois les plafonds et les murs. Il est inutile de dire que ces six ouvriers se prêtent au besoin un mutuel concours. Quand une berline est pleine, le wagonnet est poussé sur les rails jusqu’à l’accrochage, c’est-à-dire jusqu’à une galerie où circulent les chevaux. La berline s’accroche avec d’autres à la « rame » que traîne le cheval ; le tout est conduit au puits d’extraction. Le « rouleur » aussi bien que les conducteurs de chevaux est payé à la journée par la compagnie. S’il a besoin d’une aide, c’est le « galibot » qui la lui prête. Le « galibot » est un garçon de 12 à 16 ans qui est le véritable commissionnaire de l’équipe. Les veines sont inclinées ; la voie de fond qui mène à la voie de cheval est horizontale. Il y a des treuils pour franchir les rampes ; c’est le « galibot » qui les fait mouvoir. Le niveleur a besoin d’un auxiliaire pour traîner sa chaîne, pour porter ses instrumens ; cet auxiliaire, c’est encore le « galibot ». Dans toutes les galeries il y a des portes que l’on ouvre ou que l’on ferme à volonté pour modérer ou pour activer l’aération ; c’est le « galibot » qui ouvre ou ferme suivant les ordres qu’il reçoit du chef. Ce jeune garçon touche suivant son âge un salaire fixe qui ne s’élève que rarement à 2 francs. À l’accrochage, le « marqueur » prend note des berlines qui sont ensuite enlevées et portées au jour par les machines où elles sont reçues par un employé. Si le charbon est propre, il est versé sur le « carreau » : s’il est « sale », mélangé de terre, de schiste ou de pierres, la berline est frappée d’amende ou confisquée. Dans ce cas, elle va grossir un tas où les filles et les femmes qui ne descendent plus dans les fosses gagnent un modeste salaire à le purger de ses impuretés. Les charbons sales sont funestes aux compagnies : ils sont refusés par les cliens et