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La rente Hongroise a été relevée de 92 à 95 et atteint même 95,25. La Creditanstalt, le Crédit Foncier d’Autriche, et les autres banques ont monté, les Chemins Autrichiens ont repris de 613,75 à 645, les Lombards de 220 à 233,75. La place de Berlin, baissière par tempérament, a dû suivre ce revirement, au moins sur les valeurs austro-hongroises. Mais les transactions sur ce marché en valeurs locales de chemins de fer et de banques souffrent toujours des pertes énormes qu’ont faites depuis quelques années les Berlinois en toutes espèces de placement, Argentins, Mexicains, obligations et rentes d’Italie, fonds portugais et helléniques. Les spéculateurs des bords de la Sprée, par contre, s’étaient toujours mis à la baisse sur les fonds russes et quelques valeurs hongroises. Ils n’ont pas eu à se féliciter de leurs choix. Les pertes ont élu considérables encore sur nombre de valeurs industrielles. Et maintenant les contribuables devront se résigner aux nouveaux impôts que leur prépare le Conseil fédéral.

Le premier heurt avec le Parlement n’a pas été moins funeste au cabinet italien qu’au ministère français. M. Giolitti a eu même une chute plus violente, il est tombé dès la première séance. M. Zanardelliva, dit-on, lui succéder. L’opinion publique dans la péninsule espère que cet homme d’État fera mentir le dicton populaire, et que, le changement effectué, ce ne sera plus la même chose. M. Zanardelli se trouvera malheureusement devant les mêmes difficultés financières, recettes en décroissance, fortune générale amoindrie, affaiblissement du commerce extérieur, crise agraire en Sicile, dépenses militaires exagérées, change tendu, déficit énorme. Il lui sera aussi malaisé d’établir de nouveaux impôts que de réaliser des économies. Néanmoins, la visite du comte Kalnoky à Monza, les rachats des vendeurs à découvert, le succès de l’augmentation du capital de la Banque Nationale d’Italie avaient déjà relevé la rente italienne au-dessus de 80 francs. Le mouvement s’est continué jusqu’à 81,50.

La rente Extérieure n’a pu se relever qu’à 61. Si l’on en croit des notes officieuses publiées à Madrid, les frais de l’expédition de Melilla jusqu’à ce jour ne dépasseraient pas 15 à 16 millions de pesetas. Le chiffre paraît bien modeste. En tout cas les dépenses vont s’accroître rapidement, puisque l’intervention du frère du souverain marocain n’est pas acceptée et que l’effectif du corps expéditionnaire doit être notablement renforcé. M. Gamazo pourra sans doute recourir à l’expédient d’un emprunt de guerre, gagé par des impôts spéciaux ; le patriotisme espagnol en assurerait la souscription.

Le Portugais 3 pour 100 a reperdu le cours de 20 et ne l’a repris que dans les derniers jours du mois. L’impression produite par la publication du fameux décret de réorganisation de la Compagnie royale des Chemins de fer a été mauvaise. On s’attendait à une sanction des arrangemens conclus entre la Compagnie et ses obligataires, et le