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amené un grand nombre de prisonniers après la bataille d’Igani. La Moldavie, la Galicie, furent bientôt envahies.

C’est du littoral de la Baltique que part le choléra pour infecter l’Angleterre. Il se montre le 4 novembre 1831 dans le port de Sunderland. Le 27 janvier 1832, à Edimbourg, et le 10 février à Londres. De l’Angleterre il gagne l’Irlande, la France et la Hollande. Graves remarque que Dublin, Cork, Belfast furent frappés près de quatre mois avant Waterford et Wexford. Or, un steamer faisait deux fois par semaine un voyage entre Dublin et Belfast, tandis qu’il n’y avait pas de communication directe entre Dublin et Waterford, pas plus qu’entre Dublin et Wexford ; d’autre part, Waterford et Wexford n’avaient avec l’Angleterre que des rapports très limités. Le 15 mars 1832 le choléra, venant d’Angleterre, éclatait à Calais, et 11 jours plus tard, le 20 mars, à Paris.

On a vu alors l’épidémie rayonner en tous sens autour de ce nouveau centre de propagation. L’extension se fait d’abord circulairement dans les départemens qui entourent celui de la Seine, puis le choléra se porte à la fois dans toutes les directions.

En 1846, après avoir gagné Salian par une marche identique aux deux précédentes, le choléra fut observé le 8 novembre dans la ville de Chemaka à peu de distance de Salian. On le voit à Bakou et à Derbent en décembre ; oublié pendant l’hiver, il se montre en avril 1847 dans le district de Derhent, de Kouba, et il se propage à Témir-Khan-Choury.

De là il fut transporté par des soldats malades envoyés aux eaux minérales de Kisliar. La maladie se dissémina parmi les Kalmouks dispersés dans les steppes jusqu’au Volga. Le 16 juillet il était à Astrakan ; il se dirigeait en même temps vers Tiflis. De Tiflis il gagna Koutaïs, il fut bientôt importé à Trébizonde. Au nord de Tiflis le choléra suivit la grande voie militaire qui traverse la chaîne du Caucase à une hauteur de 7 000 pieds et, à la fin de juillet, il existait à Stavropol sur l’autre versant. D’un côté il franchit la mer Noire et envahit ses ports ; de l’autre, il traverse la Russie, l’Allemagne, la France, l’Italie. Nous ne suivrons pas le choléra à travers l’Europe.

Ce qui ressort pour nous de l’étude de ces épidémies, c’est cette progression par étapes successives et toujours répétées, cette marche toujours identique du choléra, trait commun des premières épidémies qui ont suivi la route de terre. Il y a là un fait des plus importans pour l’hygiène internationale et qui montre dans quels points doivent être établis les postes sanitaires destinés à nous protéger à l’avenir.

Il est intéressant de comparer à ces épidémies qui ont mis plusieurs années pour venir de l’Inde à Bakou en 1823, 1830 et