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va devenir au contraire évidente, maintenant que nous allons étudier la marche des épidémies de choléra.

L’épidémie formidable qui envahit Bakou en 1892 et qui a pris le chemin de fer transcaspien a eu une marche extrêmement rapide, tandis que les épidémies de 1830 et de 1846, qui ont également suivi la route de terre, ont eu une marche très lente. Nous parlerons d’abord des épidémies de 1830 et 1846, qui sont venues jusqu’à Paris en 1832 et 1849, et ont causé à la France, la première, plus de 100000, et la seconde 250000 victimes.

Déjà, en 1823, il y avait eu à Astrakan une petite épidémie de choléra, importante pour nous parce qu’elle a tracé la route que devaient suivre les deux invasions qui lui ont succédé.

Originaire des Indes Orientales, le choléra régnait en Perse en 1822 ; il envahit le Ghilan et le Mazanderan, provinces septentrionales de la Perse qui forment le littoral sud de la mer Caspienne. Après quelques ravages il s’assoupit pendant l’hiver de 1822 pour reparaître en 1823 à Recht. De cette ville, suivant le littoral occidental de la mer Caspienne, il franchit la frontière russe par la petite ville d’As tara en juin. D’Astara il gagne Lenkoran, situé à quelques verstes d’Astara, le 29 juin. De Lenkoran il envahit Salian, et rayonne dans le voisinage de cette ville. Le 11 septembre on l’observait à Bakou, et le 22 à Astrakan où il s’éteignit bientôt.

L’épidémie de 1830 eut le même début. Le Ghilan et le Mazandéran furent envahis en 1829. La maladie s’assoupit encore pendant l’hiver, reparut au printemps dans le Ghilan et dans le petit port d’Enseli situé à quelques heures de Recht. Comme en 1822 le choléra longe le littoral occidental de la mer Caspienne et se montre vers le milieu de juin 1830 à Salian. Prenant alors deux directions différentes, d’un côté suivant toute la vallée de la Koura, il se dirige vers Tiflis, et se répand dans tout le Caucase ; de l’autre côté il se montre à Bakou, Derhent, et envahit Astrakan ; il gagne ensuite les régions voisines et remonte le Volga. Il s’étend en Russie et gagne les autres États de l’Europe.

Nous ne suivrons pas sa marche dans ses détails ; nous rappellerons seulement certaines observations plus particulièrement intéressantes et qui sont surtout curieuses en raison de l’époque à laquelle elles ont été faites. Déjà ces cas démontrent la transmission. Le choléra, après s’être montré à Kief le 26 décembre 1830, s’y éteint pendant les plus grands froids. Il apparaît de nouveau, s’étendant à travers les provinces occidentales de la Russie qu’il franchit avec l’année russe dirigée contre Varsovie.

Le 14 avril il éclate dans cette ville, où les Polonais avaient