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forte qu’à Paris. Plus au nord, au Canada, la maladie est aussi meurtrière qu’à Londres et à Edimbourg. En Allemagne et en Russie, elle n’est pas plus fréquente qu’en France. Jamais la scarlatine ne naît spontanément. On a pu s’en rendre compte par l’exemple des contrées reculées, des îles lointaines, peu en communication avec le continent. Ce n’est que depuis 1827 que la scarlatine a été observée on Islande. En 1848, elle fut importée au Groenland ; en 1829, dans l’Amérique du Sud. Actuellement, elle a gagné les Indes et l’Australie.

Tous ces faits, tous ces exemples démontrent la transmission des lièvres éruptives, mais leur endémicité dans nos régions rend difficile la démonstration de l’influence des progrès des voies de communication sur la facilité de la transmission. Ce n’est guère que pour les pays vierges jusqu’ici de ces maladies, et où elles sont importées, que cette influence pourrait être démontrée ; mais les relations précises manquent.


IV. — TYPHUS ET MALADIES TYPHIQUES.

L’histoire du typhus est intéressante. Il semble que ce soit une maladie relativement récente. Toujours est-il que la première description en est due à Fracastor, et la première épidémie considérable est celle qui ravagea l’armée de Lautrec devant Naples.

Le typhus, à partir de ce moment, domine la pyrélologie du XVIIe et du XVIIIe siècle, et pendant les grandes guerres du premier Empire, il régna sur presque toute l’Europe.

À partir de 1814, il disparaît de France, au point que la plupart de nos médecins nièrent son existence malgré quelques épidémies locales observées dans les bagnes et les prisons. Cette année 1893, lorsqu’il a été observé dans un certain nombre de départemens du nord et à Paris, le diagnostic resta incertain ; le typhus ne fut affirmé que plusieurs semaines après son apparition. D’ailleurs, dans des pays où le typhus est moins exceptionnel, le début de certaines épidémies a été signalé par les mêmes phases d’incertitude ; et c’est ainsi que l’épidémie de Silésie ne fut officiellement reconnue qu’en décembre 1876, alors que les premiers cas remontaient manifestement au mois d’août.

Ce qui a frappé dans l’histoire de l’épidémie typhique de 1893 en France, c’est l’influence du vagabondage sur sa propagation.

Le vagabond marche lentement ; dans cette épidémie nous voyons le vagabond contaminant le vagabond dans les logis insalubres où il habite, puis allant à l’hôpital infecter ceux qui le soignent, médecins, étudians, infirmières laïques ou religieuses, victimes du devoir professionnel. La prison, le garni de bas