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méthode d’ensilage suivie pour le maïs réussit également pour les brindilles, elle a été mise en pratique l’an dernier avec un plein succès.

Tous les praticiens savent que les animaux refusent les feuilles mortes. Elles peuvent servir à faire des litières, mais les feuilles encore vertes sont seules acceptées comme alimens’ ; il faut donc couper les branches pour les dépouiller. Cet effeuillage ne sera pas sans causer quelques préjudices aux arbres qui auront à le supporter ; en effet, à l’arrière-saison, les matières azotées, les hydrates de carbone solubles, l’acide phosphorique, la potasse contenue dans les feuilles, sont résorbés et viennent se concentrer dans le tronc pour être utilisés l’année suivante à la formation des organes nouveaux. Ces réserves toutefois se forment pendant toute la bonne saison, et l’effeuillage de septembre ou d’octobre ne présente pas des inconvéniens tels qu’il faille hésiter à le pratiquer.

Nous avons insisté jusqu’à présent sur les ressources alimentaires que les cultivateurs trouveront sur leurs propres domaines ; ne peuvent-ils donc rien acheter ? Si vraiment, et il convient de passer rapidement en revue les denrées que le marché peut leur offrir.

Le foin de prairies naturelles, de luzerne, de trèfle, est resté longtemps à un prix très élevé : 14, 16, 18, 20 francs les 100 kilos ; l’Italie cependant en expédie actuellement à 10 francs ; on réservera ces alimens aux chevaux. Les bêtes à cornes ou à laine utiliseront, outre la paille recueillie sur les domaines, des grains et des tourteaux. Des grains : à si faible prix que soit le blé, il vaut encore de 21 à 22 francs le quintal et doit être exclu de la ration ; il est bien à craindre que l’avoine ne soit également trop chère pour être utilisée couramment, car la récolte n’a été que médiocre. Reste le grain de maïs que les États-Unis, les provinces danubiennes peuvent fournir en quantités indéfinies ; le maïs est habituellement à bas prix ; pendant tout l’été, il valait 7 à 8 francs à Chicago, 9 à 10 francs à New-York. Dès le début de la crise, quelques députés ont proposé au parlement de suspendre les droits qui l’excluent du marché français. Notre nouveau tarif douanier le grève de 3 francs par 100 kilos ; il est coté actuellement au Havre de 15 à 16 francs. La chambre des députés a repoussé la suspension des droits à une majorité d’une centaine de voix, et quand bien même la chambre nouvelle reviendrait sur cette décision, il serait bien tard pour que cet abaissement de tarif pût présenter quelque efficacité.

Quand le maïs n’est pas grevé de droits à l’importation, il est